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Marc Villemain
16 octobre 2006

Les uns et l'autre

Le statut bâtard du blog, qui joue de l'ambiguïté entre la fausse sincérité du journal intime et l'engagement d'une parole qui vole aux quatre vents, permet de dire sur soi des choses parfois impossibles à dire à l'autre - spécialement l'autre dont on sait qu'on a l'oreille, peut-être le cœur.

Nous parlons pour tous, et tous peuvent nous entendre, mais nous n'écrivons au fond qu'à ce seul autre.

Commentaires
M
Naturellement, le terme "bâtardise" était ici employé sans aucune espèce de connotation négative - mais il est vrai que je l'ai utilisé en connaissance de cause, autrement dit en sachant bien qu'il induisait quelque chose d'assez impur, voire sale, en tout cas insuffisamment défini.<br /> <br /> Pour le reste, deux choses : <br /> - Je suis encore très novice dans l'usage de cette technologie. Néanmoins, j'ai pensé ce blog (et ma pratique me le confirme) comme un instrument ou un outil littéraire, bien plus que comme une nouvelle manière de tenir une correspondance.<br /> - Une nuance, cela dit - et le message que vous avez commenté s'y prête bien : la dimension intimiste du blog (je veux dire : du principe même du blog) étant difficile à nier, je me suis aperçu très vite que je pouvais en user pour dire des choses, disons codées, ou privées, et pour le coup assez intimes. C'est le cas de ce message, qui en effet est lisible par tous, mais qui, comme quelques autres déjà, ne s'adresse au fond qu'à une seule personne.<br /> <br /> Je vous remercie en tout cas de votre intervention, absolument fondée ; et en profite pour vous féliciter, à la fois pour votre blog et pour votre site : ils sont très instructifs. Ma capacité "d'expertise littéraire" est très faible, je n'ai aucune formation ou expérience en la matière ; étrangement, il m'est souvent bien plus facile d'écrire que d'analyser l'écrit, de le mettre en perspective, d'entrer de manière rationnelle dans les jeux entre auteurs, narrateurs et locuteurs. J'éprouve d'ailleurs cette faiblesse dans les moments mêmes de mon écriture romanesque... Ce en quoi vos contributions sur la "toile" m'intéressent particulièrement.<br /> Merci - MV
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B
Il me semble que la bâtardise du blog — terme juste, malgré la connotation négative — provient du flou de "l'adresse" que co-gèrent l'amour-propre et une certaine forme de bénévolat (que j'appellerai bénévol@t). <br /> Car à qui s'adresse-t-on ? A personne ? A tous ? A quelqu'un en particulier ? A un sous-groupe de la société, de la langue, etc. ? <br /> Fausse sincérité et engagement sont beaucoup plus définis lorsqu'on écrit un courrier individuel. En revanche, pour le roman ou la poésie, l'adresse aussi est un flou (artistique) où l'on connaît tous les dégradés. Le blog intime serait-il plus près de la littérature que de la correspondance ?<br /> Bien des questions, pardon, mais à la mesure de l'intérêt de votre remarque.
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K
Oh, je n'étais pas tout à fait sincère : j'avais délicieusement accepté vos compliments dès avant d'avoir fait ma mijaurée !<br /> À bientôt.
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M
Point d'inutiles scrupules : j'avais consulté votre blog avant même que vous me l'indiquiez par l'astérisque...<br /> Oui, je connaissais l'image utilisée par Céline, mais je l'avais "en vérité" oubliée : merci de me l'avoir remise en mémoire.
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K
Si on la touchait, on ne bougerait plus, donc, oui, vous avez raison : heureusement qu'on ne fait au mieux que frôler. Cette incapacité à être en permanence au contact de la sincérité est-elle culturelle ? Oui, ça joue, probablement. Ça tient au moins à ce que l'on emmeganisé depuis notre naissance et il y a fort à parier que les mots nous rendent insincères. Hé, le mot déforme ce qu'il signifie. Vous connaissez probablement cette image utilisée par Céline pour d'écrire son travail d'écrivain. Grosso modo et de mauvaise mémoire, il explique que lorsqu'on plonge un bâton dans l'eau, la réfraction fait qu'il a l'air brisé et que le travail de l'écrivain, c'est de le rendre droit.<br /> <br /> Merci pour les compliments mais ils me gênent quelque peu : j'ai l'impression, a posteriori, d'avoir fait de mon astérisque une publicité. Vous m'en voyez désolé. Je voulais simplement signifier que faire grand cas du style ne signifie pas forcément qu'on croit en avoir un de qualité.
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