Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Marc Villemain
2 novembre 2006

Je passe

Enfant, je posais des questions : je voulais comprendre le monde - j'étais un enfant.
Adolescent, je l'avais compris : j'ai voulu le changer - j'étais un adolescent.
Au sortir de l'adolescence, j'ai hésité : le changer, oui, pourquoi pas, il est trop laid ; mais je voulais aussi, et tout autant, y goûter : cela fit de moi, peu ou prou, un socialiste.
Jeune adulte, je me suis fait honte ; il me fallait trancher : j'ai amorcé un mouvement de recul, de retrait - mais discret.
Adulte, les premières fatigues venant, j'ai commenté le monde - aidé en cela par la foule de ceux qui s'obstinent (à échouer) à le changer.
Premiers pas dans le vieillissement ; je commentais le monde avec colère : je le commente avec lassitude - avec réticence.

Plus tard, vieux et malade. Le monde n'est plus en moi. Je ne lui demande rien. Facile : il n'attend rien de moi.
Elle et moi - souvenirs et clins d'œil.
Et le marbre.

D'autres continueront. Mais ce sera plus dur.

Commentaires
K
Comme je le disais, je ne me souviens plus des termes exacts de sa réponse. Peut-être était-ce (j'ai hésité au moment de la retranscrire) : "Refuser absolument de mentir". Ça peut changer pas mal de choses, et recouper votre réponse imaginée.
Répondre
M
Je comprends parfaitement l'agacement de Morgiève face à la qualification d'autofiction. Par ailleurs, et comme vous, les étiquettes m'importent peu, pour ne pas dire pas du tout.<br /> <br /> La question que vous lui aviez posée n'est pas si idiote : c'est celel que tout le monde se pose - y compris, peut-être, les auteurs eux-mêmes avec leur propre style. Si on me l'avait posée à moi, cette question, je n'aurais pas répondu "la sincérité" - je m'en défie, il y a toujours un soupçon, et elle m'intéresse en vérité assez peu en littérature. Sans doute aurais-je plutôt répondu : "l'authenticité". Enfin je pinaille... Morgiève avait sans doute en tête quelque chose de très voisin de ça.
Répondre
K
Par ailleurs, Morgiève détestait (si ma mémoire est exacte) qu'on décrive son œuvre par le terme autofiction (il parlait de "Un petit homme de dos"). Peut-être considérait-il que le terme tel qu'usuellement employé, oblitérait un pan de son travail d'écrivain. Je n'en sais rien.<br /> Quoi qu'il en soit, les étiquettes ne m'intéressant qu'un instant, je ne pense pas que ce soit important. L'important chez lui, est l'imbrication du style et du propos, plutôt de la démarche. Je lui avais demandé, tout timide et très idiot lors d'une lecture (du premier jet de "Vertig"), comment il parvenait à ce style (question idiote) et il m'avait répondu ceci (je déforme, malheureusement, je ne me souviens pas de la réponse exacte) : Je m'oblige à la sincérité.
Répondre
M
Il va de soi, mais je ne pensais pas devoir y insister, que je fais une différence entre ce que vous décrivez et ce que j'avais pointé. L'autofiction n'a rigoureusement rien de déshonorable ; l'on pourrait même se laisser aller à penser que tout roman est une forme déguisée d'autofiction. <br /> Morgiève est un écrivain. Ce qui le fait écrire n'a rien à voir avec le besoin qui, quoique respectable et compréhensible, ressort davantage de l'exutoire, de l'exhibition, de la confession narcissique ou autres. Chez Morgiève, le style demeure, et domine. "L'ego" n'est qu'un instrument à son service.
Répondre
K
L'autofiction, quoiqu'en tant que lecteur je n'en sois que peu preneur, a quand même quelques pépites à son actif. Je pense là à "Un petit homme de dos", de Richard Morgiève. Je n'ai pas lu ces derniers livres, en ai lu quelques-uns d'assez décevants mais, sans doute n'est-ce pas assez pour faire un livre, contenant quelques pages sublimes.<br /> J'aurais aimé mettre en ligne un des passages de son œuvre que je préfère, malheureusement il serait bien trop long pour ne pas demander autorisation.
Répondre