Yves Bonnefoy évoque, dans un livre de souvenirs récemment paru chez Galilée (Dans un débris de miroir), quelques figures qu'il a connues et aimées. Ainsi de ses quelques rencontres avec Borges, dont il est facile en effet d'imaginer qu'elles purent être marquantes. Borges a cette réputation d'homme "que l'on a dit souvent sans capacité d'amour" alors que, comme l'écrit Yves Bonnefoy, il était "ravagé par la pensée que du simple fait d'être soi on pouvait causer un tort irréparable à bien d'autres". Et il a ce mot, qui semble vouloir résumer Borges mais qui pourrait bien toucher du doigt ce que peut parfois éprouver tout écrivain, même mineur : "Il considérait l'écriture comme une clôture de la personne sur soi, c'est-à-dire comme le meurtre d'autrui".
jeudi 16 novembre 2006
Ecrire sous la clôture
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Commentaires sur Ecrire sous la clôture
- Je connais trop mal Borges pour pouvoir en parler avec davantage d'intelligence. Ce que je crois savoir, ou comprendre, c'est qu'en effet sa souffrance était grande de ne pouvoir écrire qu'en s'écartant de l'humanité commune. Il y a dans cette sensation, plus que dans cette pensée, quelque chose que tout écrivain perçoit à un moment ou à un autre. Ce peut-être à la fois diaboliquement excitant et terriblement déprimant.
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effectivement et dans ce cas l'écrivain sans capacité d'amour a de quoi être ravagé par la pensée...etc etc car il n'y peut pas grand chose, fermé, enfermé dans son monde imperméable à autrui, redoutable Borges qui se morfond sur lui-même et se tue ainsi...