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Marc Villemain
30 novembre 2006

Le pire d'entre nous

Solitude
Il 'y a rien à faire d'autre que de retomber sur l'intarissable poncif - que son mauvais air de certitude ne fait pas moins juste : l'écrivain est un être seul. Le pire d'entre nous, celui, cynique, qui ne regarde plus le monde et les hommes que comme une seule et même occasion d'en tirer une bonne histoire, celui qui s'assure de sa cote dans les pince-fesses où il s'incruste parfois avec l'allure de celui qui maugrée, celui qui ne disserte plus sur la vertu que pour mieux s'en émanciper lorsqu'il s'agit de faire les comptes, celui qui vise le sujet qui vendra le plus quand c'est celui qui lui ressemblera le moins, celui qui traque, fouille, pille les autres, en arguant de sa bonne foi et en s'offusquant de la suspiscion générale, celui dont le moteur intime ne s'allume et ne s'attise plus qu'au contact de l'épée, de la hargne jalouse ou de l'échec rédempteur, celui qui ne lit plus les siens que pour s'assurer qu'il est bien le meilleur d'entre eux, ou pour vérifier que l'autre est toujours décevant, celui-là, cet écrivain-là, aussi mort sera-t-il au miroir de l'humanité, n'en sera pas moins seul devant son écriture. Cette solitude, davantage que son dernier repère, est, sera, son dernier territoire, rabougri peut-être, pathétique si vous voulez, misérable et vain sans doute, mais son dernier territoire tout de même, là où il habitera en conscience les ultimes parcelles son humanité. Dans ce moment, ce monde qu'il voue aux gémonies et auquel il aspire pourtant avec la même et enthousiaste verdeur que le puceau devant l'objet le plus indécent et le plus incandescent de son désir, ce monde ne sera plus rien : il se résumera au micro-périmètre du bureau, du stylo et du cerveau. Et rien ne pourra l'en faire partir. Fors l'amour.

28 novembre 2006

Orgueil et prétention : nuance

André Gorz - Lettre à D


I
l est difficile de critiquer le petit livre d'André Gorz, Lettre à D. - Histoire d'un amour : c'est authentique, touchant, nécessaire. Et que peut rêver de mieux celle qui, à quatre-vingt deux ans, en est la destinataire ? Combien l'auteur a-t-il dû mettre de lui-même dans ce livre ? dans chaque mot de ce livre ? combien d'images, de visions, d'émois, a-t-il dû faire revenir à lui pour l'écrire sans avoir le sentiment de se trahir ou de trahir une histoire ? Décemment, non, on ne peut critiquer le récit d'une existence tout entière tournée vers l'être aimée. Pourtant, je peux, ou veux, le dire : je ferai(s) mieux - ce n'est pas prétention d'écrivain, simple orgueil d'amoureux.

27 novembre 2006

Swiftien

PersilQu'en est-il de la "guerre du Persil", dont on parla un peu dans le courant de l'été 2002, et qui voyait s'opposer, sur fond de diplomatie internationale, de vigilance européenne et de médiation américaine, le Maroc et l'Espagne ? Le Maroc a t-il finalement pu recouvrir la jouissance du petit rocher inoccupé ? l'Espagne a-t-elle accédé aux revendication des quelques chèvres qui y luttaient pour la liberté de paître ? Ou au contraire a-t-elle persisté à voir en ce rocher une zone dangereuse qui pourrait bien, un jour, devenir une plaque tournante pour la drogue et pour la très vilaine immigration clandestine ? Bref, quelqu'un pourra t-il me répondre : qui, des Gros-Boutiens ou des Petits-Boutiens, l'a finalement emporté ? La guerre du Persil a-t-elle eu lieu ?

24 novembre 2006

Patrice Alègre, la plante tordue

Patrice_Al_gre
O
n se souvient du procès de Patrice Alègre, en 2002, accusé (et reconnu coupable) de cinq meurtres et six viols. Je ne sais pourquoi je notais alors, et assez régulièrement, les minutes de ce procès - peut-être parce que mon imagination de romancier se heurtant à quelque panne, je cherchais là une source nouvelle et probante. Toujours est-il que je m'y intéressais, pour des raisons qui ne tenaient pas tant aux faits eux-mêmes (finalement assez banals dans l'histoire criminelle) qu'aux réactions qu'ils suscitaient dans l'opinion et les médias : nous étions déjà de plain-pied dans l'ère du fait divers que l'on monte en épingle métaphysique. Cinq ans plus tard, un peu de sarkozysme aidant, les faits divers sont officiellement devenus le gros grain à moudre de nos médias et l'une des principales sources d'inspiration où s'abreuve le discours politique dominant.

Nous apprenons donc, ce mois de février 2002, que Patrice Alègre est condamné à l'emprisonnement à perpétuité, peine assortie de vingt-deux années de sûreté. Au passage, rappellons que le père de Patrice Alègre (dont ce dernier disait qu'il ne l'avait "pas éduqué, mais dressé") était CRS - information on ne peut plus rassurante quant à l'éducation qu'est susceptible de prodiguer un père de famille formé par la République au sang-froid, à la maîtrise de ses pulsions et au respect inconditionnel de la loi. À l'issue du procès, je recopiai sur un carnet la lettre qu'adressa Patrice Alègre à sa fille Anaïs, douze ans, et que voici : « Bonjour, étoile de mon coeur, tu sais, je ne suis pas né comme ça et je n'ai pas voulu tout ça. Toute ma jeunesse fut très dure, et ce n'est pas une excuse. Au fond de mon coeur, j'aurais préféré que tout cela n'arrive pas et que nous soyons ensemble. La seule chose que j'ai faite dans ma vie et dont je suis fier, c'est toi ma fille. Je n'ai eu personne pour me guider, m'expliquer. Comme une plante, avec du soleil et de l'eau, elle va pousser droit. Si la plante prend la grêle et les coups, elle va pousser tordue. Je t'aime »

Aujourd'hui, c'est de la société elle-même et de certains de ses représentants les plus autorisés que les plantes reçoivent la grêle et les coups. La volonté de Nicolas Sarkozy, farouche, obsessionnelle, de revenir sur les principes cardinaux de la justice des mineurs, principes qui prévalent depuis 1945 et qui fondent une éthique du droit somme toute assez raisonnable, en est une des manifestations. Mais ce qui procure la plus grande tristesse, c'est que Nicolas Sarkozy n'est ici qu'un syndrôme : il n'est effectivement, j'en suis persuadé, qu'un amplificateur de la vox populit

23 novembre 2006

Houellebecq national

Dans mes diverses notes, je tombe sur ce mot de Jacques Julliard, paru dans le Nouvel Observateur - nous sommes en février 2002, la campagne électorale présidentielle bat son plein : La rencontre de Michel Houellebecq et de Jean-Pierre Chevènement dans la salle des pas perdus du souverainisme vaut bien celle d'un parapluie et d'une machine à coudre sur une table de dissection. Il fallait la trouver, celle-là...

23 novembre 2006

Du sexe des anges et de l'amour des animaux...

La technologie Canalblog est à ce point performante (mais ni plus ni moins sans doute que d'autres plateformes d'accueil) que chacun peut aisément savoir qui vient visiter son blog, ce qu'il y fait, et par quel intermédiaire il y a atterri. C'est en cliquant par curiosité sur l'option qui permet de savoir quels mots-clés les internautes ont entrés dans leur moteur de recherche pour arriver chez moi que je suis tombé sur cette entrée : " Les techniques pour pénétrer ma chienne". J'avoue avoir été stoppé net dans mon élan, ahuri (on le serait à moins) que l'on puisse : 1) compter sur Google pour trouver une réponse à cette délicate question ; 2) atterrir sur un blog aussi respectable que le mien avec de telles pensées.

22 novembre 2006

Proverbe


Proverbe sénégalais : Tous les soirs les singes s'endorment en rêvant qu'ils sont des hommes. Tous les matins les singes pleurent. Il se trouve que, parfois, je ne serais pas en total désaccord avec la proposition inverse — m'endormir en rêvant que je suis singe, et me marrer au réveil.

22 novembre 2006

Journal du 1er juillet 2001


Mes vieux journaux n'ont ni style, ni pensée véritable ; mais un intérêt, toutefois : celui de confirmer l'ancrage, la pérennité de nos marottes. Ce trait, par exemple : Traversée du corps - comme on parle d'une traversée du désert.

21 novembre 2006

Si gênant gène...

Je ne l'ai pas inventé, ce panonceau rencontré sur mon chemin : Nous vous prions de nous excuser pour le gène occasionné. Problème d'éthique chez les entrepreneurs de travaux publics ?

21 novembre 2006

Journal du 20 décembre 1997


Toujours à explorer ces vieux journaux que je destine au feu. Dans celui-ci je trouve cette note, qui me rappelle à quel point on change peu :

     Je me sens déjà vieux, à vingt-neuf ans, et si peu différent, pourtant, de ce que je fus.
 

20 novembre 2006

Ronchonnez, ronchonnez...

Jean Clair - Journal atrabilaire


À
ronchonner avec sans doute un peu trop d'assiduité, il était prévisible qu'un esprit très facétieux dégote à mon usage plus ronchon que moi, m'obligeant de facto à de fort déprimantes comparaisons. Ma femme ne s'y est pas trompée — elle qui sait se révéler progressiste là où je l'attends conservatrice, et inversement réciproque : est-ce par esprit de malice ou au contraire par clin d'oeil complice, je l'ignore, toujours est-il qu'elle me flanqua donc entre les mains le Journal atrabilaire de Jean Clair.

Je pourrais certes me réjouir de trouver en ce clerc plus neo-réac que moi - mais à ce jeu-là, on est toujours gagnant. La réjouissance en effet s'arrête là si l'on considère l'objet présent comme une sorte de miroir, fût-il un tout petit peu déformant. Car les mauvaises humeurs de Jean Clair font souvent mouche, et l'on peut bien dans sa bile retrouver un peu de la sienne. Ainsi de ses quelques formules féroces sur les lubies contemporaines, dès lors notamment qu'elles s'enorgueillissent de transformer en art toute pratique quotidienne finalement plus proches du penchant instinctuel de l'animal que du geste sacré de l'artiste, ou qu'elles mettent en pièce les boniments institutionnels en matière de « politique culturelle » ; ou encore, parce que cela englobe peut-être tout cela, lorsqu'il s'agit de regretter la mort du silence.

La très profonde mélancolie de Jean Clair n'est pourtant jamais aussi juste que lorsqu'elle s'attache à sa propre pierre, et, comme dirait l'autre, quand le coeur est mis à nu. L'humilité n'étant qu'une vertu relative du personnage, à tout le moins très subsidiaire, la justesse de son observation n'est jamais aussi grande que lorsqu'il en revient à lui-même. Alors parvient-il à ravaler un peu de son orgueil et de sa foncière misanthropie, pour finalement épurer un propos qui devient assez peu discutable. Ainsi de la misère (qu'il a connue) et dont il dit, dans un geste assez désarmant, qu'on ne peut au fond rien en dire : « Elle laisse sans voix. Il faut passer outre, se taire, faire comme si ça n'avait pas lieu. On revient de la misère comme on revient de la guerre, absent, mutique : ceux qui sont allés au front ou dans les camps ne parlent pas. Ou bien longtemps après, quand la douleur s'est dissipée, laisse-t-elle enfin passer, non ce qu'elle a été, mais le souvenir confus de ce qu'elle fut. C'est le moment où l'on ne se souvient même plus que l'on ne se souvient plus. Je n'ai jamais été tout à fait rassuré. » Sans doute pourra-t-on lui objecter que Primo Levi entreprend d'écrire Si c'est un homme au sortir de la guerre, en 1947, mais nous accepterons de considérer ici l'exception.

Le problème est que ce Jean Clair-là n'est à sa verve humorale et générale qu'une saillie ensoleillée. Le propos se parsème ici ou là d'une telle aigreur qu'il m'est, à moi, difficile de le suivre sur la longueur. Difficile par exemple de le suivre quand il décrit ces intermittents du spectacle, « mangeant beaucoup, buvant sec et parlant haut », qui plus est rejoints par « quelques gros bras de Marseille », dont le tort ultime est finalement d'interrompre une représentation que l'on veut bien croire divine du Pierrot Lunaire de Schoenberg. Ou quand, dans une suite qu'il aimerait logique, il assène : « Arrière-grand père paysan. Grand-père instituteur. Père professeur. Exemple bien connu d'ascension sociale. Mais le fils ? Il deviendra musicien Pop, Rock ou DeeJee ». Ou encore quand il s'en prend à ces « jeunes filles, soumises à l'emprise de l'interruption de grossesse et au déni de la maternité » qui « exhibent avec tant d'indifférence ou de passivité leur ventre lisse et leur nombril », et ainsi mettent « en avant, invisible mais d'autant plus présent, le lien ombilical qui les rattache, lors même que les notions de descendance et de transmission ont été effacées, à la mère dont elles sont nées ». Pitoyable et manifeste décadence qui l'autorise à cette conclusion : « Pendant ce temps, furtives et balancées, couvertes de voiles aux profonds coloris, glissent ces femmes qui témoignent contre nous de cette discrétion du corps, de cette élégance et de ce maintien qui furent les signes extérieurs de notre culture et les garants de sa pérennité ».  Le lecteur est à tout le moins autorisé à douter que celles qui ont pu s'émanciper de leurs parents et/ou de leurs grands frères et/ou de quelques-uns des dogmes les plus discutables de leur religion, apprécieront comme il se doit et à leur juste valeur la touchante nostalgie de l'auteur et son si poignant lamento.

On ne peut donc impunément lire Jean Clair ; c'est d'ailleurs assez stimulant, drôle parfois, presque gai, tant il excelle au combat. Mais il faut le lire en jouant le jeu, c'est-à-dire avec un minimum d'empathie ; faute de quoi, de colère on refermera le livre — et ce serait dommage. Non, comme pourrait le penser tel militant un peu sot, car il faut toujours connaître l'ennemi afin de mieux le combattre, mais parce que ce qu'il écrit, et vit, est aussi une réponse disponible au monde tel qu'il va, et tel qu'il suscite cette réponse. Je sais gré à ma femme, donc, d'avoir fait de moi un progressiste bon teint par réaction — tout en lui suggérant, la prochaine fois et de préférence, de m'offrir un bon vieux Régis Debray, lequel sait laisser affleurer l'écrivain et le romancier en lui, au point de pouvoir m'embarquer dans sa colère sans me donner l'envie du pugilat — et même, parfois, en emportant ma conviction.

Jean Clair, Journal atrabilaire - Éditions Gallimard / Collection L'un et l'autre

17 novembre 2006

Joyeux de pauvres !

Métro bondé. Air irrespirable. Altercations banales. Surgit un de nos modernes gueux, qui redonne le sourire au wagon entier. Energie de la désespérance - la société urbaine sauvée par ceux-là mêmes qui en souffrent.

17 novembre 2006

Journal du 6 février 1996


Je fouille et farfouille toujours dans mes vieux journaux, non sans quelque malaise. J'en conserve certains états, certains mots - à fins d'archivage, c'est certain, mais aussi parce que, pour certains d'entre eux, et sans nécessairement le partager, comme c'est le cas ci-dessous, j'en comprends encore l'esprit.

     On demande trop à la vie. Elle n'est qu'un processus. Nous nous agitons : en vain. Seule l'extase intérieure, seul le côtoiement passager de la folie, peuvent, à cette vie qui s'impose, ajouter quelque sens et beauté. Qu'importe de vivre s'il n'y a pas d'œuvre à la clé ? Vingt-sept ans, et pas l'ombre d'un commencement d'œuvre en vue.

16 novembre 2006

Ecrire sous la clôture

Yves_Bonnefoy___Dans_un_d_bris_de_miroirYves Bonnefoy évoque, dans un livre de souvenirs récemment paru chez Galilée (Dans un débris de miroir), quelques figures qu'il a connues et aimées. Ainsi de ses quelques rencontres avec Borges, dont il est facile en effet d'imaginer qu'elles purent être marquantes. Borges a cette réputation d'homme "que l'on a dit souvent sans capacité d'amour" alors que, comme l'écrit Yves Bonnefoy, il était "ravagé par la pensée que du simple fait d'être soi on pouvait causer un tort irréparable à bien d'autres". Et il a ce mot, qui semble vouloir résumer Borges mais qui pourrait bien toucher du doigt ce que peut parfois éprouver tout écrivain, même mineur : "Il considérait l'écriture comme une clôture de la personne sur soi, c'est-à-dire comme le meurtre d'autrui".

16 novembre 2006

Condition de l'écrivain


Albert Camus à nouveau :
La noblesse du métier d'écrivain est dans la résistance à l'oppression, donc au consentement à la solitude.

15 novembre 2006

Journal du 22 juillet 1995


J'étais jeune encore ; immature, plutôt. Je n'allais pas facilement sur la tombe de mon père - je n'y allais que parce que je m'y sentais obligé, c'est ainsi. Cette fois-là, j'avais vraiment envie d'y aller. Y songeant, je notais alors ceci, cette phrase étrange, obstinément adolescente : J'ai dû réprimer un mouvement comme un relent que l'on retient en société, le signe de croix qui grondait en moi.

15 novembre 2006

Le premier homme

 

Ce mot de Camus, parmi les plus beaux, dans Le premier homme :
     «  Il y a des êtres qui justifient le monde, qui aident à vivre par leur seule présence.
     - Oui, et ils meurent. »

14 novembre 2006

Journal du 27 juillet 1994


Je continue de feuilleter ces vieux journaux intimes - avant, donc, de les jeter les uns après les autres.
Cette note.

     Dans la nuit. Insomnie. J'écris. Il faut parvenir à habiter la solitude, l'habiter tout entière, dans sa totalité pleine ; se coller à ses parois. Imaginer une pièce carrée, vide, complètement vide et nue, sans autre matière que le vide et la pénombre - ou au contraire une clarté trop grande, trop lumineuse : elle est là, la solitude est là. Il faut s'y engouffrer, ne pas lui laisser, à elle, ce plaisir de nous engouffrer, elle ne demande que ça. Il ne faut pas se laisser habiter, mais l'habiter, elle. Et si possible avec joie.

14 novembre 2006

Sensuel Stendhal

Très joli, ce trait, au chapitre VII du Rouge et le Noir : Comme il faisait chaud, son bras était tout à fait nu sous son châle, et le mouvement de Julien, en portant la main à ses lèvres, l'avait entièrement découvert. Au bout de quelques instants, elle se gronda elle-même, il lui sembla qu'elle n'avait pas été assez rapidement indignée.

13 novembre 2006

Journal du 13 août 1993


Je retrouve cette note dans mon journal du 13 août 1993.


    Dur de trouver sa voie. Enfant chargé de rêves, d'idéaux et de destinées glorieuses ; qui a toujours voulu être le meilleur et qui ne s'en est jamais donné les moyens ; qui a toujours voulu faire croire qu'il était différent et qui n'éprouvait que le poids des dominations ; qui trépignait de mépris devant les conformismes et demeurait là, bouche bée et bras ballants, à regarder les pièges se refermer ; qui disait vouloir s'extirper de la masse et en était toujours incapable. Quelle vie aura cet enfant ?

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