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Marc Villemain
11 avril 2007

Quand le coq déchante

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Que dira l'histoire de ce temps électoral ? Que diront les livres d'histoire, les manuels scolaires ? Impossible de ne pas se poser la question avant de voter : l'épiderme national est à vif, la société hystérisée, et de ce chaos permanent rien de bon ne peut sortir. Je suppose qu'on nous regarde,
d'Europe ou d'ailleurs, avec des yeux un peu éberlués (si tant est qu'on nous regarde.) Nous faisons comme si le monde et l'Europe n'existaient pas, comme si le Mur de Berlin n'était pas tombé, comme si la Chine dormait encore, comme si la Russie avait fait sa mue démocratique, comme si le progrès technique pouvait suffire à résoudre ou même à apaiser les angoisses de l'humanité, comme si nos arts et notre culture évoquaient encore quelque chose à qui que ce soit, comme si la France était encore un phare. La vérité est que nous menons une campagne provinciale dans un monde auquel nous opposons chaque jour une protestation de déni. Nous nous offrons à bien des désenchantements, mais nous le faisons avec notre gouaille légendaire, fiers de notre mauvaise humeur et de nos ergots arcboutés. Nous mettons le monde en slogans et daignons à peine porter un regard sur notre continent. La réconciliation avec nous-mêmes ne nous intéresse pas : seuls nous fascinent le goût du sang et l'odeur de la poudre - celle qui explose sur les plateaux d'une télévision acquise aux ordres du marché et dans les colonnes de journaux que passionne la philosophie politique de tel ou tel chansonnier. Nous voudrions pouvoir sauter en marche du train de l'histoire, mais nul ne le peut. Alors nous continuons à aller de l'avant, sans rien entrevoir de notre destination.

Commentaires
F
Si les coqs déjantaient, ce serait assez génial.<br /> Tout dépend de la manière dont on déjante. Le principe de toute nation est la nationalisme. Erreur en progression constante. Tant que l'humain sera empêtré dans son obligation (culturelle, individuelle et sociale) de vivre sous l'autorité (de quelqu'un, d'une quelconque religion, d'un gourou, d'un fou ou d'un Dieu), le monde des humains poursuivra sa route entre guerre et paix (de la plus petite à la plus grande échelle). Le Mur de Berlin et l'Europe ne sont pas à la une et la Chine qui ne dort pas pourrait bien envoyer les Europ's et autres dans leurs cavernes. Nous naviguons dans les eaux troubles de vies collaboratives mêlées à un individualisme à couper au couteau.<br /> Je sui Moi et je me complais dans mes souffrances et mes plaisirs - mon Moi existe. Mais peut-être que la première démarche consisterait à se connaître soi-même, en dehors de toute pensée née de la mémoire et des actions du passé. Lourde tâche...<br /> Le train va trop vite et le progrès technique pourrait alimenter nos angoisses, à moins qu'un jour il ne nous remplace dans ce qui nous était destiné : la vie.
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B
Bien tourné, ce petit billet !<br /> Je dirais même mieux : quand le coq déjante...
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