On aime la solitude pour autant qu'elle ne nous laisse pas seuls avec nous-mêmes, pour autant qu'on la laisse libre d'en fréquenter d'autres et d'être entendue, parfois reçue par elles. On l'aime quand elle est une manière, la meilleure pour nous, pour notre besoin d'espace et de distance, d'accompagner le cours du monde. Elle nous abat dans l'instant même où nous n'entrapercevons plus notre silhouette dans le lointain.
jeudi 24 mai 2007
La solitude
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Commentaires sur La solitude
- Augustin / PhilippeNous sommes toujours sur un fil. C'est le difficile, et c'est ce à quoi il faut se tenir.
Philippe, oui, je sais, tu me le dis souvent, et tu as raison. Mais il faut au préalable accepter l'idée qu'il n'y ait point de salut hors la société. C'est ce que je n'arrive pas toujours à faire... Cela dit, évidemment, merci. - Vous présentez dans votre premier message la dualité de « l’Enfer c’est les autres » de Sartre, et celle du vrai « mitard des prisons » où l’individu est isolé et souffre de son isolement.
Sans doute entre ces deux extrêmes y a t-il une moyenne acceptable : Pouvoir se rapprocher des autres, puis sans éloigner quand cela nous arrange ?.
Finalement ne voulons-nous pas un autre « à la carte », qui est là quand il faut, et qui est s’en va quand c’est nécessaire ? La société de consommation moderne ne veut-elle pas cela ?
Mais faire l’analogie entre l’autre et soi-même comme vous faites n’est-il pas un aveu d’échec pour justement rencontrer l’autre ?
Cet autre qui nous fait peur et que l’on voudrait bien travestir en soi-même pour nous rassurer… - Bien sûr, notre stabilité psychique et affective ne saurait être imperméable à ce qui constitue notre contemporanéité sociologique ; à cette aune, vous avez (ô combien) raison de souligner son consumérisme. Vous êtes crû mais juste lorsque vous évoquer la possibilité qui nous est donnée de nous "rapprocher des autres" avant de nous en "éloigner quand cela nous arrange". Tout cela n'entre nullement en contradiction avec ce que j'ai pu écrire.
Mais je concluais, de manière inaboutie il est vrai, en notant que cette solitude désirée nous abat quand "nous n'entrapercevons plus notre silhouette dans le lointain", autrement dit quand la solitude a à ce point ébranlé notre individualité psychique que, par moments, nous ne sommes plus, à nos yeux mêmes, que néant. - J'ai réfléchi à nouveau à votre texte ici.
Vous dites que l'on ne peut se passer de nous-mêmes dans le lointain à la fin de votre texte.
Et vous dites que nous ne pouvons nous passer des autres.
Ce qui sous entend qu'en réalité notre recherche des autres est en fait la recherche de nous-même.
C'est vrai et faux à la fois.
Je pense que la recherche de l'autre ne se limite pas seulement à la recherche de soi.
Si nous avons tous besoin d'un miroir comme vous avez vous-même besoin d'un blog miroir, comme vous le dites, la recherche de l'autre est un équilibre, car un homme ou une femme n'a pas tous les éléments en lui-même de la représentation de l'Univers.
En ce sens, je veux dire que nous sommes une partie des autres, et que les autres sont une partie de nous.
C'est parceque vous voulez vous isoler dans une solitude intellectuelle que vous qualifiez d'écrivaine que vous inventez artificiellement une séparation entre soi et les autres. Et que vous dites que nous ne pouvon pas donc nous passer de nous dans le lointain.
Signifiant que vous ne pouvez vous passer de vous-même dans le miroir que vous pensez de l'écriture...
En réalité, vous ne pouvez pas écrire sans les autres, car qu'auriez-vous à dire ?
En réalité vous avez un blog qui n'est pas un miroir, car on peut à la fois le lire et influencer vos pensées...
A moins que vous ayez décidé que rien ne peut vous atteindre.... - Je ne m'isole dans aucune solitude et combats si besoin est ce tropisme, ni ne m'invente aucune séparation artificielle entre le monde et moi, et de la même manière tente toujours de m'y relier. J'ai passé l'âge des postures. Quant à écrire "sans les autres", cher monsieur, voilà bien longtemps que je m'y consacre... : tout ce que vous lisez là n'est pas tout ce que j'écris.
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Cette perpétuelle dialectique entre l'individu et la société, quoi...