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Marc Villemain
23 février 2008

Ca devait arriver : nous sortons de la République

La_Sant_Il faut parfois courir le risque de la simplicité pour dire ce sur quoi les choses finissent par se résoudre : en validant la "rétention de sûreté", c'est-à-dire l'emprisonnement d'un individu sans lien avec un quelconque délit constaté mais en préjugeant du fait qu'il en commettra peut-être, le Conseil constitutionnel vient de contribuer à sortir un peu plus la France de la république.

J'ignore si les détenus dont la Chancellerie a dressé la liste révélée par la journaliste Élisabeth Fleury dans Le Parisien seront ou pas dangereux une fois libérés : tout le monde l'ignore - et nos Sages n'en savent pas davantage. Je souhaite donc aux experts psychiatres qui auront à se prononcer sur le danger potentiel de tel ou tel individu avant de transmettre leur petite opinion aux juges - lesquels finiront bientôt par ne plus servir à grand-chose - de dormir sur leurs deux oreilles et d'effacer les traces de mauvaise conscience au réveil.

L'angélisme n'est pas là où on le voit d'ordinaire : l'angélisme, c'est l'erreur, ou la faute, de ceux qui croient, car il s'agit bien d'une croyance, que l'allongement des peines, le durcissement des conditions carcérales, le plaider-coupable, les peines-planchers et la rétention de sûreté dessinent les contours d'une société plus sûre et plus libre. Le désenchantement les guette - il est d'ailleurs curieux qu'ils y croient encore, après vingt années de gonflette pénale et de sentiment (croissant) d'insécurité : souvenez-vous de Charles Pasqua déclarant en 1986 vouloir "terroriser les terroristes". Qu'ils lisent plutôt, et quoi qu'il leur en coûte, le dernier livre de Jann-Marc Rouillan, qui dit tout ça  sa manière : "Ils sèment, ils sèment... Mais viendra bien un jour la saison des moissons !" (Chroniques carcérales, éditions Agone).

Commentaires
P
Je suis en accord avec vous, ces criminels que l'on veut garder seraient mieux traités en hôpitaux psychiatriques, non ? Et le problème constitutionnel ne se poserait pas. D'où vient le problème en fait ? C'est que près d'un tiers des détenus relèvent de la psychiatrie et qu'ils n'ont rien à faire en prison. Et c'est au nom du respect de la victime, idée lancée par la Droite, à la quelle la Gauche a aussi adhéré, que l'on enferme en prison une population destinée en fait à la Psychiatrie. Nous sommes donc bien dans une justice bourgeoise, à la quelle adhère à la fois à mon sens la Gauche et la Droite, car la Gauche n'a jamais rien fait quand elle était au pouvoir pour améliorer l'état des prisons et le traitement des populations atteintes de maladies psychiatriques, non ?<br /> C'est pourquoi je ne vote plus et que je crache, que je vomis à la fois la Droite et la Gauche...<br /> PS : Je connais le sujet car j'ai été enseignant dans le milieu carcéral...
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A
Oh que oui, cher Marc... Les moissons seront rouges... de sang.
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