Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Marc Villemain
25 septembre 2008

L'intérêt de vivre

Je suis souvent frappé par l'importance que prennent dans nos existences immédiates le plus infime des événements, le plus anodin des gestes, la plus pauvre des paroles. Nous ne sommes jamais en mesure, au moment où la chose se produit, d'en relativiser la cause et l'effet, de la situer dans une perspective cosmogonique. Je me dis que cette forme douce et intégrée de l'hystérie résulte d'une inadéquation paradoxale à la vie qui est sans doute constitutive de ce qui nous rend humains. Naturellement, nous ne nous le disons jamais ainsi, pas plus que nous n'acceptons d'en accepter l'idée pour nous-mêmes : la chose serait insupportable, et la vie proprement invivable : en avoir conscience, ou simplement s'en faire la remarque, reviendrait à compromettre la vie même, qui n'est possible qu'à la condition d'y trouver intérêt. Or à quoi peut-on trouver intérêt ? A un être que l'on distingue d'amour, aux sentiments généraux que nous éprouvons, à l'effort de vivre selon quelques préceptes supérieurs, aux choses de l'esprit, autrement dit à ce que nous activons en nous pour dépasser l'être vivant des origines que nous continuons d'être aussi de manière indéfectible. Ainsi toute notre dignité consiste donc en la pensée, comme le résumait Pascal ; sans doute alors faut-il vivre en acceptant que l'acte de penser induit de vivre dans le pourtour magnificent de la mort qui nous couronne.

Commentaires
F
Je relève vos tags : Les humains, Mort, Pascal, Pensées profondes,<br /> et vous propose quelques extraits de Jiddu Krishnamurti (La nature de la pensée) :<br /> <br /> "Je ressens que la révolution est nécessaire au plus profond niveau, pas une révolution fragmentaire, mais une révolution intégrée, une révolution ne partant pas de l'extérieur mais de l'intérieur et, pour apporter cette révolution totale, nous devons certainement comprendre les cheminements de notre propre pensée, le processus complet de la pensée, ce qui est la connaisance de soi."<br /> <br /> "La pensée est née de l'expérience et du savoir et il n'y a absolument rien de sacré en ce qui concerne la pensée. Penser est matérialiste, c'est un processus de la matière. Et nous nous sommes reposés sur la pensée pour résoudre tous nos problèmes, en politique, dans la religion et dans nos relations. Nos cerveaux, nos esprits sont conditionnés, éduqués à résoudre des problèmes."<br /> <br /> En parlant des formes d'attachement (aux biens, aux croyances, aux événements...) :<br /> <br /> "Maintenant que vous vivez, pouvez-vous volontairement, facilement, sans aucun effort, mettre fin à cette forme d'attachement ? Ce qui signifie mourir à quelque chose que vous avez connu - vous me suivez ? Pouvez-vous le faire ? Car c'est mourir et vivre à la fois sans être séparé de la mort par une cinquantaine d'années, en attendant qu'une maladie vous achève. C'est vivre avec toute votre vitalité, votre énergie, vos aptitudes intellectuelles ainsi qu'une grande sensibilité et à la fois c'est aussi mourir, en finir avec certaines manies, expériences, attachements et blessures. Cela implique de vivre avec la mort tout en vivant. La mort n'est pas quelque chose qui se trouve à la fin de la vie, ... mais elle est plutôt une fin à toutes les choses de la mémoire - ... une mort qui n'est pas séparée de la vie."
Répondre
R
quand Villemain devient (est?) un grand sage, résumant en courtes lignes la PENSEE, c'est sympa
Répondre
R
Question essentielle : le schisme entre ce qui nous agitent d'amour, de générosité, d'aspirations fortes et la petitesse - parfois ou souvent,ça dépend - de nos quotidiens.<br /> La fusion de ces deux pôles de notre existence,ça s'appellerait le bonheur, je crois.<br /> Je dis pôles parce que c'est une dialectique du paradoxe de vivre.
Répondre