Ne jamais chercher à être soi, et se défaire de l'idée d'y parvenir. Ne serait-ce que parce que nul ne sait ce que pourrait être un soi pur, et que le désir même de se trouver altère notre quête. Mais surtout parce que si chacun était soi, alors la surface de la terre ne serait plus que cadavres.
jeudi 6 novembre 2008
Quand l'ignorance vaut mieux que la connaissance
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Commentaires sur Quand l'ignorance vaut mieux que la connaissance
- Plus souplement"Ne jamais chercher à être soi, et se défaire de l'idée d'y parvenir." : si je puis me permettre cher Marc, ce "jamais" me fiche un peu la trouille, tu sais le côté "morale totalitaire" qui me répugne en fait, et qui n'est pas toi, ni moi, ni nous de fait. Plus souplement, ne pourrions-nous dire : "Difficile de chercher à être soi puisqu'il faut sans cesse de défaire de l'idée d'y parvenir" ?, ne serait-ce qu'avec nos postures, que gouverne, hélas, trop souvent, les impératifs de la représentation ?
- PhilEntre "ne jamais chercher à être soi" et "difficile d'être soi", il y a en effet un changement radical de paradigme. Je maintiens ma formulation (y cherchant au passage, mais en vain, ce qu'elle pourrait avoir de "totalitaire"). Ou si vraiment il fallait la changer, je dirais, non que c'est "difficile", mais qu'il est "impossible" d'être soi. Dès lors, la recherche de l'impossible est vaine, et induit un gaspillage d'énergie. Mon "jamais" indique, disons, un idéal, une direction. C'est presque un mot d'ordre, un commandement à soi-même. Au fond, une éthique. A laquelle nous ne parvenons, évidemment, "jamais"...
- Oui, mais si on prend le parti de ne jamais chercher à être soi, ne risque-t-on pas de se perdre définitivement? Certes, la recherche en elle-même brouille les pistes, mais le refus systématique n'est-il pas un abandon, un échec acccepté d'office?
En fait, nous avons le choix entre un rêve illusoire et une médiocrité acceptée lucidement. On sait que Cioran aurait choisi la deuxième voie. - FeuillyEt Cioran aurait eu raison - avait raison... Et vous connaissez, bien sûr, le mot fameux de Char, cette lucidité, "blessure la plus rapprochée du soleil".
Entre les deux pôles que vous désignez, le second me semble bien supérieur, pour des raisons qui tiennent autant à un principe qu'à une pratique. On peut même l'interpréter d'une manière sensiblement optimiste : entre le "rêve illusoire", qui nous place devant l'espoir béat, autrement dit devant l'impuissance, et la "médiocrité acceptée lucidement", qui induit la possibilité d'une évolution, d'un progrès, d'un travail sur soi, je n'hésite, ou n'hésiterai pas, un seul instant. - Il y a des temps ou l'on a prôné que l'ignorance valait mieux que la connaissance. Le temps aujourd'hui s'emplit de cette idée fasciste et déshumanisante. C'est encore et toujours la loi de la jungle, mais les porteurs de ces idées savent que le combat n'est pas gagné, c'est pourquoi ils utilisent des moyens pernicieux.
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Cependant,je ne suis effectivement pas loin de penser que, sans le refoulement patiemment instruit en nous et nécessaire à toute vie en société, le monstre qui sommeille en nous s'en donnerait à coeur joie. Si j'ose dire...