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Marc Villemain
30 mars 2013

Une critique de Jean-Pierre Longre

 

 

"Mon vieux, je t'emmène faire la révolution"

 

Une manifestation qui tourne mal, on a déjà vu ça dans le passé, on le verra encore dans l’avenir. Il suffit d’une maladresse, d’un geste de trop, d’une provocation idiote, et on bascule dans la violence incontrôlée. C’est en quelque sorte ce que raconte le dernier livre de Marc Villemain.

 

Si ce n’était que cela, l’intérêt en serait limité. Mais justement, c’est bien plus que la relation d’un simple fait divers. D’abord, tout en débusquant quelques repères familiers, à la ville comme à la campagne, on s’immerge dans une époque incertaine, dans une sorte d’avenir brouillé mais tout compte fait prévisible, pas très lointain du nôtre, pour ainsi dire dans un monde à l’envers, où ce sont les jeunes qui sont au pouvoir, qui imposent leur loi : « À l’époque nos gouvernants avaient quoi, trente ans, quarante pour les plus aguerris. Des qui croyaient connaître la vie parce qu’ils avaient été à l’école. Des zigotos de fils à papa, teigneux et morveux du même tonneau. Mais qui ne se mouchaient pas du coude. » Alors Donatien, l’ami de toujours, celui qui a épousé la belle, fière, discrète et tendre Marie, vient trouver le narrateur et le convainc, lors d’une soirée bien arrosée de prune, de venir avec lui et quelques autres « faire la révolution », de manifester contre cette jeunesse toute puissante qui les opprime (et au nombre de laquelle on compte, soi dit en passant, le propre fils de Marie et Donatien, Julien).

 

À partir de là s’enchaînent les événements. On se retrouve à la capitale, on prépare soit fiévreusement soit tranquillement, dans la colère et dans la joie, la grande journée de la vieillesse en révolte. Celle-ci va tourner au face-à-face mal maîtrisé, et à la tragédie. On n’en dira pas plus, sinon que ce court roman nous plonge à la fois dans la tension des péripéties et dans le plaisir de savourer une prose collant à la parole rurale, goûteuse, touchante et rugueuse d’un personnage campé par l’auteur avec une affection contagieuse.

 

Jean-Pierre Longre (à lire ici dans son contexte original)

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