jeudi 12 juin 2014

A l'honneur de la revue CHIENDENTS


CHIENDENTS, une très jolie revue (reliée "à la chinoise"), me fait l'honneur de son 49è numéro, titré L'éloignement du monde.

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En plus d'un long entretien avec Stéphane Beau, que je remercie très vivement d'avoir eu l'idée et l'envie de ce numéro, Vincent Monadé (président du Centre National du Livre), Jean-Claude Lalumière et Bertrand Redonnet (qui en touche deux mots ici), tous deux écrivains, m'ont fait l'amitié de se livrer à cet exercice toujours difficile, et parfois douloureux, du panégyrique... C'est peu dire que leur témoignage me va droit au coeur.

Publié sous le pavillon des éditions du Petit Véhicule, celles ou ceux qui éprouveraient de la curiosité peuvent le commander directement en ligne (4€), ou en téléchargeant ce bulletin_de_commande.

 

 

Site des éditions du Petit Véhicule


vendredi 23 mai 2014

Editeurs vs auteurs ?

Devenir Carver - Rodolphe Barry

 

C'est un texte un peu différent - un peu plus long, aussi - que je propose aujourd'hui au titre des "chroniques moratoires" du Salon littéraire.

Au début, il y est question du livre que Rodolphe Barry vient de faire paraître (Devenir Carver, chez Finitude), ainsi que des relations entre Raymond Carver et son éditeur Gordon Lish. Et puis, forcément, après, ça dérive un peu...


Pour en savoir plus, c'est ici.

 

vendredi 2 mai 2014

Mais qu'est-ce que ça dit ?

 

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Dans la chronique moratoire donnée ce vendredi au Salon littéraire, il est question - ou semble être question - d'art, de pensée et d'enthymème...

 

 

 


 

 

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vendredi 11 avril 2014

Larqué, Rocheteau, Christian Bobin et la démocratie

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Sixième chronique moratoire, aujourd'hui sur Le Salon Littéraire, entre choses fort graves et facétie - n'allons pas toujours chercher un sens à tout : il arrive qu'il se dérobe à moi-même...

Pour en savoir plus, c'est ici.

 

 

 

 

 

 


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lundi 7 avril 2014

Christophe - Intime au théâtre Antoine

Christophe - Théâtre Antoine - 6 avril 2014 - 28

 

Ma femme me faisait récemment remarquer que je paraissais enclin, au fil des ans, à des formes de minimalisme que j'aurais volontiers, jusqu'à présent, plutôt négligées, voire rejetées. J'ai naturellement pris avec force humour cette très affectueuse observation relative à ce qui m'arrive et qui, en effet, est assez inexorable (à savoir, que, oui, je vieillis – un peu...). Puis j'ai volontiers reconnu que, tombant jusqu'alors et plutôt facilement dans les pièges du symphonisme le plus tonitruant, j'avais, ces derniers temps, fini par en rabattre un peu. Il n'y pas si longtemps, je suis d'ailleurs allé applaudir Vincent Delerm, chose qui, il y a quelques années à peine, m'eût probablement conduit à me planquer dans une grotte pour ne plus en sortir (et puis finalement, bien sûr, ce fut très bien, et même mieux que cela.)

Avec Christophe, c'est encore autre chose : là, j'ai clairement franchi un palier. De l'accusation de bobo, voilà que j'encoure désormais celle de ringard (tendance rococo). Car Christophe, pour ceux de ma génération, ce n'était tout au plus qu'Aline - ce truc vieux comme le monde dont se servaient quelques grisonnants à tempes lustrées pour, les soirs de 14 juillet, taquiner la jeunesse – et les jeunettes. Mais il faut être juste : le problème n'était pas Aline. Le problème, c'était la forme que prenait l'engouement suscité par Aline, on n’en pouvait plus, d'elle, elle était ici, elle était là, elle était partout, et toujours cette façon un peu allumeuse de nous ramener du côté des surprise-parties. Non, Aline n'y est pour rien, la pauvre, Aline est belle, toutes les chansons d’ailleurs le sont, ou toutes peuvent l'être : ce n'est, le plus souvent, qu'une question d'implication et d'interprétation. Et puis Christophe a changé : lui aussi, c'est heureux, a vieilli. On a fini par comprendre que le faiseur de tubes n'en était pas un, qu'il valait bien mieux que cela. Du reste, je ne connais pas d'autres exemples de blondinet à midinettes qui ait, de son vivant, fini par devenir un artiste culte, une de nos grandes figures parallèles.

Christophe - Théâtre Antoine - 6 avril 2014 - 23

 
C'est peu dire, donc, qu’on ne va plus écouter Christophe de la même manière. Naguère, on y allait avec l'envie de donner un peu de corps à ces airs qui nous taraudaient l'oreille (Aline, justement, mais aussi Les marionnettes, Les mots bleus, Le paradis perdu, Petite fille du soleil, La dolce vita, autant de chansons que Christophe a radicalement revisitées, épurées, leur trame harmonique ne tenant plus guère qu'à cette manière si particulière qu'il a de les chanter, de les ralentir, de les sussurer en dehors du temps - je pense parfois, en l'écoutant, en écoutant le Christophe d'aujourd'hui, aux figures molles d'un Salvador Dali.) Bref, dorénavant, on va le voir parce que l'histoire a montré un autre personnage, un être à part, fragile, décalé, d'une grande liberté d'attitude, évoluant dans des univers qui n'appartiennent guère qu'à lui, nébuleux, en partie inaccessibles - d'où, sans doute, et au-delà de leur relation personnelle, le lien avec Bashung. Tout, visuellement, est déjà inscrit : dans un décor qui pourrait faire penser à celui d'une discothèque des années 80 autant qu'à une scène de jazz d'avant-garde, Christophe, verres teintés, bas du jean's enfoncé dans les santiags, tignasse de chanteur de glam-rock suédois et veste de représentant de commerce, lève son verre de whisky et trinque à la santé du public - on l'imagine bien, tiens, poser sa voix sur tel ou tel vers de Houellebecq : ce faisant, je n'ai pas le moindre doute quant à la leçon d'esthétique qu'il donnerait à un Jean-Louis Aubert. Ses gestes, comme son débit, sont secs, brisés, hachés, intempestifs - son petit côté Françoise Sagan. Il ressemble autant à un pilier de comptoir de nos dancings d'antan qu'à un de ces vieux bluesmen qui écument les routes. Un côté roots, c'est ça ; mais tout en douceur et sentiments. Car c'est un sentimental, Christophe, ça oui, pas collectionneur pour rien. Il parle de lui, souvent, dans ses chansons, dans ce qu'il dit entre ses chansons, mais c'est toujours avec une espèce d'ironie fatiguée, mélange d'orgueil et de dépréciation de soi, d'àquoibonisme et d'humour potache. On sent chez lui quelque chose qui a toujours trait à la maladresse, et c'est cette fragilité, dont certainement il est le premier conscient, qui lui fait chanter si bien ces ritournelles que tant d'autres gâcheraient à trop vouloir en tirer le suint. Christophe n'est pas un instrumentiste (même s'il touche à tout : piano, synthés, guitare, harmonica...), c'est un artiste. Autrement dit et d'abord, une personnalité sensible au timbre et à la sonorité des choses, et d'abord à celles qu'il porte en lui, qui le tirent vers une espèce de bonheur gris ; c'est de là qu'il tire le caractère atmosphérique, presque psychédélique par moments, qui prédomine aujourd'hui dans sa musique.

Je ne crois pas que l'on puisse dire de Christophe qu'il est un nostalgique : pour l'être, il faut avoir enterré le passé. Or il paraît tout vivre au présent, ce qui fut hier ne lui semblant pas moins actuel - il parle d'ailleurs du blues des années trente comme de quelque chose qui lui est extrêmement contemporain. Et comme il n'a pas d'oeillères, comme il sait qu'être un homme de goût consiste à s'ouvrir à tous les goûts, les ambiances en lui s'empilent et se chevauchent ; il procède par collages et lignes directrices - lignes rouges même, lignes d'obsession, si bien que la transe n'est jamais bien loin : ce ne sont jamais que diverses manières d'aller puiser et dire les mêmes choses. Ambiance synthétiseur, réverbérations et lumières roses ; ambiance guitare électrique années 60 (sur laquelle il donne une interprétation de La non-demande en mariage - Brassens - qui cesse d'être déroutante dès lors qu'on perçoit combien elle lui est propre) ; ambiance piano enfin, bien sûr, où il me semble trouver son équilibre le plus touchant, son entière harmonie ; où il montre que c'est précisément sa fragilité qui lui donne toute sa puissance.

La terre a donc penché, ce soir au théâtre Antoine - dommage, soit dit en passant, que les lumières aient été sitôt rallumées, que les spectateurs eux-mêmes, la musique se dispersant comme par volutes, aient considéré que c'était fini puisque Christophe n'était plus là, abandonnant la scène aux synthétiseurs et la laissant dans une ambiance de fin du monde. Enfin, rien de grave, puisque le dernier des Bevilacqua l'a annoncé hier soir : en janvier 2015, chez Capitol, paraîtront quinze nouvelles chansons - ce sera une chouette manière de lever le coude et de trinquer à ses soixante-dix ans. 

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lundi 31 mars 2014

Christian Guay-Poliquin - Le fil des kilomètres

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N'
allez pas vous figurer quelque copinage ou autre renvoi d'ascenseur : le nom de Christian Guay-Poliquin ne me disait rien jusqu'au jour où j'appris que celui-ci avait évoqué largement un de mes livres (Et je dirai au monde toute la haine qu'il m'inspire) dans un travail intitulé "Mémoire et survie du politique dans la fiction d'anticipation contemporaine" (université du Québec à Montréal), dont j'ai déjà fait état ici. Naturellement, suite à cette publication, je suis entré en contact avec lui, et c'est ainsi que j'ai pu lire Le fil des kilomètres, qui, autant le dire sans plus tarder, m'a littéralement bluffé : paru au mois de novembre dernier aux Editions La Peuplade (Québec), ce premier roman, d'une étonnante maturité, est tout à fait remarquable.

Je mesure mieux, désormais, ce qui avait conduit Christian Guay-Poliquin à entreprendre ce travail universitaire, tant il déploye dans ce roman les thèmes qui le sous-tendaient (le retour, la survie, la solitude) et dont je vois bien qu'ils sont chez lui taraudés par une forme latente, et poétique, de pessimisme. Le prétexte du roman est tout simple - et c'est pourquoi il est bon : une inexplicable panne d'électricité plonge une ville dans le noir, acculant les hommes à réinventer leur vie et à se passer de ce qui jusqu'alors semblait aller de soi (difficile, bien sûr, ne pas songer au Cormac Mc Carthy magistral de La Route, mais Guay-Poliquin suit ici sa propre voie.) L'usine est à l'arrêt ; un homme, ouvrier mécanicien, rentre chez lui ; il vit seul, chichement, ne possède rien, si ce n'est une vieille bagnole, un chat dont il n'a que faire et un frigidaire avec quelques bières. Il n'est pas vieux, mais usé déjà par le travail et la vie dure. Dehors, tout s'est arrêté : nous ne pouvons plus imaginer notre monde sans électricité. Son père habite à des milliers de kilomètres de là, ils n'ont plus guère de relations, presque plus de contact ; mais son père, cette nuit-là, lui téléphone, un appel un peu délirant, peut-être pathologique, on ne sait pas bien. L'homme est envahi par quelque chose qu'il ne mesure pas tout à fait, quelque chose qui, en lui, pèse et soupèse l'existence : il prend sa voiture, il s'en va retrouver son père. L'histoire se déroule presque intégralement sur la route, au fil des kilomètres on comprend que c'est le pays tout entier qui est plongé dans le noir. Une femme, puis un autre homme, feront irruption, mais sans que cela suffise à apaiser l'obsession de cet homme à retrouver son père, ni à modifier en quoi que ce soit sa sensation dévorante, toute-puissante, de solitude.

C'est un roman envoûtant, composé avec beaucoup de maîtrise, et il n'est pas facile de le lâcher - même si sa chute, celle-ci ou une autre, ne saurait vraiment surprendre. Pourtant Christian Guay-Poliquin n'use qu'avec la plus grande parcimonie des petites ficelles du suspens. Il prend son temps (la route est longue), montre la grisaille, le début de chaos dans lequel autour de lui tout finit par sombrer, s'attache à tout ce qui se trouble en l'homme qui bascule, l'homme acculé à arpenter ses propres labyrinthes. Il y a dans ce texte quelque chose qui rappelle le nature writing américain, avec ce lyrisme aux aguêts sous la sécheresse, cet arrière-plan mythique. Les images sont belles, marquantes, acérées, souvent originales. La tonalité est presque aussi obsédante que la quête du personnage, quelque chose d'ailleurs n'est pas loin de faire songer à une transe. On frôle le road movie. Mais on ne fait que le frôler, car c'est bien mieux que cela : c'est de la littérature.

Christian Guay-Poliquin, Le fil des kilomètres
Sur le site des éditions La Peuplade 
Le livre est paru en France, chez Phebus (mars 2015).

samedi 29 mars 2014

Bernard Lavilliers à l'Olympia (extraits)

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B
ien sûr, je me souviens de mon premier concert de Lavilliers : 1986, la deuxième édition des Francofolies, à La Rochelle ; l'album Voleur de Feu venait à peine de paraître. Outre le tubesque Noir et Blanc, il y avait un morceau que j'adorais : Gentilhommes de fortune, que Lavilliers et ses musiciens jouaient sur scène pour la première fois ce soir-là ; ils avaient un peu cafouillé ; Lavilliers avait regardé ses musiciens, s'était marré, puis avait décidé de tout reprendre à zéro. Et c'était très bien comme ça. On le trouvait trop ceci, trop cela ; on moquait son latinisme à bagouses, sa musculature, son ouvriérisme, ses histoires de marins solitaires et de pirates au grand coeur - sa grande gueule, quoi. Moi je m'en foutais, j'y voyais autre chose. Une histoire, une sensibilité en marche, traversée de joie vivante et d'une forme de vague à l'âme à la fois mâle et poétique. J'aimais cette énergie assez viscérale à vivre, à s'exhiber, cette implication mêlée de gravité. Je me souviens aussi qu'il avait chambré les policiers qui, sur les remparts du port, place Saint-Jean-d'Acre, paraissaient un peu à cran. Ca nous avait fait rire, il y avait encore dans l'air un parfum de provocation joueuse, de liberté potache, on levait nos canettes de bière à la santé des forces de l'ordre. Je me souviens que j'avais fait du stop pour aller l'écouter ; je reconnaissais en lui quelque chose qui m'appartenait, au moins un peu - disons que j'en étais à cet âge où on s'identifie.

Bernard Lavilliers - Olympia - 28 mars 2014 - 06 - Version 2

Ce soir, trente ans plus tard ou presque, à l'Olympia, nous sommes loin de tout ça. D'abord, c'est l'Olympia : une salle assez sage, régulée, surveillée, et puis nous avons tous vieilli. Ce qui n'empêchera pas Lavilliers de mettre tout le monde debout, en bas dans la fosse, en haut dans les gradins, entre les travées, et de faire danser son monde. Lavilliers va puiser un peu partout, le dernier album bien sûr est plutôt à l'honneur - le très efficace Scorpion ; Vivre encore, un peu plus grave ; Baron Samedi, Jack, Y a pas qu'à New York, Tête chargée, le joli et langoureux Rest' Là Mayola. D'autres titres, pas bien vieux encore : Je cours, Solitaire, L'exilé ; ça chaloupe sur Marin, sur Voyageur. Et puis Les mains d'or, hymne ouvrier s'il en est, dédié aux salariés de Florange, réunit tout le monde ; Lavilliers égratigne Mittal, les socialistes ont les oreilles qui sifflent : "Ils ont essayé ; ils essayent beaucoup, les socialistes..." Pas de jaloux, Sarkozy en prendra pour son grade : Les aventures extraordinaire d'un billet de banque, qui date de 1974, s'y prête à merveille.

Car oui, que voulez-vous, on ne se refait pas, un public reste un public : il a à l'oreille ce qui l'a accompagné jusque-là. Lavilliers ressort Stand the ghetto, le presque hard-rockeux Traffic, qui m'a rappelé quelques souvenirs (Que veux-tu que je sois / dans cette société-là / Un ange ou un cobra / Un tueur ou un rat), et Pigalle la Blanche, et La salsa, et Noir et Blanc. Et même, non sans humour, Idée noire, ce tube un peu racoleur qu'il concéda, en 1983, avec Nicoletta. Le public est à contribution sur On the road again, Lavilliers seul à la guitare, rend hommage à Paco de Lucia. Et Betty, bien sûr, une de ses plus belles chansons ; et puis, Lavilliers seul à la guitare, le Lavilliers qui prend son temps, qui retrouve ses accents intimes, c'est aussi comme ça qu'on l'aime, et tel qu'on se souviendra de lui.

Bien sûr, ce n'est pas le Lavilliers de la grande époque - mais que regrettons-nous, disant cela : un certain Lavilliers, ou une certaine époque ? Le Lavilliers un peu crâneur, anar en cuir ne détestant pas cabotiner, ou ce temps où la musique portait une sensibilité brute, indomptable, rétive aux formats, aux attentes, charriant, de loin en loin, une sorte de rébellion instinctive ? Car lui au fond ne semble guère avoir vieilli, il a même bellement mûri, il est beau, élégant, dominateur, et toujours dans ce regard cette part un peu diabolique de rire et de tragique, de sagesse et de malice. Formidablement entouré par ses musiciens du "conservatoire marginal supérieur" (...), et de sa voix inchangée, il continue de fonctionner à l'instinct, à la sueur, il va tranquillement chercher son public, mais sans rien forcer, amorçant quelques pas sur une salsa ou se retirant un peu en lui-même pour chanter Betty : bref, il n'a pas changé, lui. 

Bernard Lavilliers - Olympia, 28/03/14 - Quelques extraits

 

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vendredi 28 mars 2014

Du triomphe de Bruce Lee par temps d'élections

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ne nouvelle chronique moratoire est en ligne sur Le Salon Littéraire.

Sous prétexte d'élections, il y est un peu question du dernier livre de Camille de Toledo, (à moins que cela ne soit l'inverse, et que, sous prétexte de parler de Toledo, etc.).

 

dimanche 23 mars 2014

Le couple : quelles nouvelles ? (Collectif)

Nouvelles du couple (sous la direction de Samuel Dock) - Editions France-Empire - Mars 2014
Plus d'informations ici, sur le site de l'éditeur

Samuel Dock a eu la  gentillesse de me convier à participer, sous sa direction, à un joli projet littéraire : l'exploration du couple - et, à travers lui bien sûr, de l'amour... Existe-t-il thème plus rebattu, il est loisible d'en douter. Mais c'est bien sûr ce qui en fait le sel : il ne s'agit pas tant de dire du neuf (qui pourrait se vanter d'apporter quelque lumière un peu originale sur l'amour ?), que de trouver sa propre manière de le dire.

Je m'y suis essayé, donc, avec un texte simplement intitulé : Ce jour-là.
Dont voici les toute premières phrases... :

Nouvelles du couple

 

Quand il l’avait vue sauter, son sang n’avait fait qu’un tour. Parfois il y repense, se dit : c’est l’amour peut-être qui déjà était là, mais oui, c’est ça, c’était peut-être bien déjà de l’amour. Il le lui avait dit, plus tard, un jour, que ce qui l’avait conduit à sauter, ce jour-là, il pense que c’était déjà de l’amour ; et pas seulement un geste secourable, pas seulement un acte de conscience, un bon réflexe ou quelque chose comme ça. Tu comprends ? Naturellement, elle répondit ce que chacun aurait répondu : comment aurais-tu pu m’aimer alors que tu ne savais pas qui j’étais ? Et bien sûr il s’embrouillait dans ses explications. D’ailleurs il le sait bien qu’on ne peut fonder aucune certitude sur l’intime conviction, pas plus qu’il ne suffit de dire que le soleil est jaune ou que la poire est juteuse pour que l’un et l’autre le soient vraiment – aussi bien, on aurait parfois envie de dire l’inverse, que la poire est jaune et le soleil juteux, c’est bien la preuve que. N’importe, pour lui, dans sa tête, les choses étaient claires : c’est parce qu’il l’aimait déjà qu’il avait sauté. Ce qui bien sûr ne signifie pas qu’il n’aurait pas sauté pour une autre qu’elle : juste que, dans ce cas-ci, c’est pour ça qu’il avait sauté. Parce qu’il l’aimait. Et c’est ce qu’il lui dit chaque fois qu’ils se remémorent l’événement : parce que je t’aimais.

Liste des auteurs : Alain Vircondelet, Valérie Bonnier, Samuel Dock, Jérôme-Arnaud Wagner, Hafid Aggoune, Marc Villemain, Marie Plessis, Erwin Zirmi, Bérénice Foussard-Nakache, Rebecca Wengrow, Stéphaniel Le Bail, Lélie Clavérie, Olivier Fernoy.

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jeudi 20 mars 2014

François Blistène - Le passé imposé

François Blistène


Quelques nouvelles de François Blistène, dont paraît, ce jeudi 20 mars aux Editions du Sonneur, le deuxième roman : Le passé imposé - j'ai donc à nouveau la chance, comme cela fut le cas avec Moi, ma vie, son oeuvre, d'en être l'éditeur.

Ceux qui avaient lu ce premier texte retrouveront dans Le passé imposé ce que probablement ils avaient aimé : la verve, la causticité, cette manière un peu potache de mettre les pieds dans le plat et, bien sûr, ce talent qu'a François Blistène, en apparence fort simple mais qui n'est pas donné à tout le monde, de raconter une histoire.

Pour le reste, nous sommes assez loin des univers de Moi, ma vie, son oeuvre, qui faisait la part belle au petit monde de la peinture et à ses affres - et à certaines idées assez peu recommandables que cela faisait germer dans la tête de son protagoniste. La tonalité, quoique toujours parsemée de saillies facétieuses, voire fantasques, est ici un tantinet plus grave, puisqu'il est question d'éducation, de transmission, de paternité, de liberté individuelle, autrement dit, de valeurs. Que l'on ne se méprenne pas : François Blistène n'a pas viré sa cuti, il n'a pas plus retourné sa veste que changé de casquette : tout n'est jamais que prétexte à ausculter l'humaine engeance. Aussi bien, si l'on riait assez franchement en lisant son premier roman, l'on rit toujours, certes, mais un peu plus jaune tout de même. En montrant l'ineptie qui consiste à vouloir protéger à tout prix la jeunesse contre ce que le monde a de plus sot, François Blistène, s'il encourage l'individu à se libérer des innombrables carcans qui mettent la liberté à l'épreuve, n'en témoigne pas moins des limites d'une société acquise à toutes les futilités consuméristes possibles et imaginables, et très peu à ce qui pourrait l'embellir et la rendre un peu moins frivole. Moraliste, François Blistène ? N'exagérons pas. Car ce qu'il raconte ici (la découverte de la vie - et de Paris - par trois jeunes gens fuyant la geôle paternelle) n'induit aucune espèce de jugement de valeur : il se passe simplement ce qui doit se passer. De son écriture vive et accidentée, pleine de rebonds, d'images et de formules, d'excentricité aussi, Blistène jubile surtout à nous montrer de quoi nous sommes faits : de préjugés autant que d'inconscience, de peurs farouches autant que d'aspirations à la joie.

QUATRIEME DE COUVERTURE - Solitaire abhorrant le monde moderne, Philippe Pontagnier s’acharne à isoler ses enfants dans une maison où leur seul contact avec les humains est un certain Kuntz, homme étrange censé parfaire leur éducation. Lorsque les trois adolescents parviennent à s’échapper, ils ne connaissent guère du monde que ce que leur père et leur précepteur, ainsi que quelques livres bien choisis, leur en ont appris. Déambulant dans Paris, ils vont donc, chacun à leur manière, tâcher d’en déchiffrer les mœurs et de s’y faire une place. Une rencontre sera décisive : celle d’un certain Monsieur Mystère, magicien de son état, auprès duquel ils vont se prendre au jeu de la vie. Mais c’est sans compter sur la soif de vengeance du Père : l’ogre rôde, et le destin est tenace.

François Blistène - Le passé imposé

 

François Blistène - Le passé imposé
Editions du Sonneur - 20 mars 2013
ISBN : 978-2-916136-71-4

Infos et commande sur le site des
Editions du Sonneur

 

Que vous ayez ou pas un compte sur Facebook, vous pouvez aussi, en cliquant ici, consulter la page consacrée au roman.

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