Et que morts s'ensuivent : le livre du jour d'EVENE
Et que morts s'ensuivent est Le livre du jour du site EVENE, et fait l'objet d'une critique d'Emilie Vitel.
La critique par Émilie Vitel
Qui connaît ou croise une Géraldine Bouvier ferait mieux de se tenir sur ses gardes. Car cette madame Toulemonde, qui assiste sans mot dire aux exécutions les plus arbitraires, n’est autre que le second rôle favori des nouvelles de Marc Villemain, un personnage clé, en somme, dans l’affaire de cet écrivain tueur en série. Et que morts s’ensuivent tient volontiers sa promesse : en quelque 165 pages, l’auteur règle leur compte à onze innocentes victimes, dans des circonstances toujours plus extravagantes. A la fois meurtrier et enquêteur, il sillonne la France et les époques en quête de la proie idéale. Celle-ci s’appelle Nicole Lambert, Matthieu Vilmin ou Edmond de La Brise d’Aussac. Cantatrice, curé ou icône sacrifiée sur l’autel de la vindicte populaire, elle cristallise le vide de l’existence et porte sur ses épaules le poids des contraintes sociales. Le ton frais et gouailleur tourne vite au sarcasme cinglant. Marc Villemain nourrit une tension délicieuse, mène ses personnages droit à la catastrophe, et réduit les tragédies à de simples anecdotes. A force de détails croustillants, il excite une curiosité malsaine, va jusqu’à réveiller certains penchants sadiques, et mène la danse jusqu’à l’apothéose. Imagé, millimétré, sordide à souhait, Et que morts s’ensuivent s’impose comme un recueil palpitant, digne du Petit Journal et autres quotidiens de faits divers qui tenaient autrefois les Français en haleine.
Et que morts s'ensuivent : Stéphane Beau dans Le Grognard
Ce n'était apparemment pas gagné, mais ça a bien fini... : sur le blog de la revue Le Grognard, Stéphane Beau se livre à une critique de mon recueil, "qui enchantera les nostalgiques de Barbey d'Aurevilly, Villiers de l'Isle Adam et autres ciseleurs de phrases." C'est à lire en cliquant sur Grognard (fichier pdf), ou directement en ligne, ici.
Et que morts s'ensuivent : David Vincent, librairie Mollat
La grande librairie bordelaise Mollat vient de commettre sur son blog, Ces mots-là, c'est Mollat, une critique ma foi plutôt très élogieuse de mon recueil de nouvelles.
L'article se conclut ainsi :
Cruel comme un Barbey, élégant comme un d'Aurevilly, Villemain ne fait pas dans le Grand Guignol ni dans le spectaculaire, il contient la rage qui anime sa plume sans cette compassion morbide dont toute une partie de la profession littéraire nous accable, sans cette gentille cruauté qui ne nous fait même plus sourire. Il y aurait beaucoup à dire sur ces nouvelles qu'un rapide coup d'œil comme celui-ci trahit. Retenons surtout que Et que morts s'ensuivent signe avec éclat l'arrivée dans le genre de la nouvelle d'un nouveau cador.
Vous pouvez consulter l'intégralité de l'article en cliquant sur Mollat (fichier au format pdf) ; ou encore en vous rendant sur le blog de la librairie Mollat, ici.
Et que mort s'ensuivent
Voilà, il est depuis aujourd'hui en librairie.
Je le laisse désormais mener sa barque : bon vent !
Et que morts s'ensuivent - Editions du Seuil - Collection Cadre rouge
Attachée de presse : Géraldine Ghislain - gghislain@seuil.com
L'objet
J'ai donc l'objet entre mes mains - le livre. Ce n'est pas tout à fait la première fois, je devrais y être habitué. Je le suis, d'ailleurs, dans une certaine mesure. Ne serait-ce que parce que cet objet, manufacturé en quelques heures de temps, est présent à mon esprit depuis quatre ans. Je suis donc allé le chercher au service de presse, l'ai récupéré là où d'autres livres attendent d'autres auteurs, entassés sur des palettes, sur des bouts de tables ou à même le sol. A ce stade ce sont encore des objets un peu clandestins, non investis, dont on pourrait croire qu'ils ont été abandonnés là, sans usage ni utilité, connus de leurs seuls auteurs ou presque, attendant au fond d'une remise d'être adressés à des dizaines et des dizaines de lecteurs, journalistes et critiques pour la plupart. Je me faisais naturellement une joie de ce moment - comme à chaque fois ; et comme à chaque fois, c'est plus compliqué. J'affecte malgré moi une sorte d'indifférence, je fais mine de ne pas y accorder plus d'importance que cela, sans doute pour retarder la confrontation, ou prolonger une certaine part d'illusion ; je m'intéresse aux autres, aux livres des autres, je jette un œil à ceux qui attendent dans la remise, à côté du mien.
Je l'ai entre mes mains, et déjà la perplexité. L'objet est joli, lisse, d'une blancheur assez éclatante, sans tâche ni écornement d'aucune sorte. Et il y en a comme ça par dizaines, saucissonnés dans un plastique épais, transparent. Je le trouve un peu maigrelet. Je pensais que toutes ces notes dispersées, et toutes ces pages sur mon ordinateur, et toutes ces heures qui y furent consacrées, aboutiraient à un plus gros volume. Le voyant, le soupesant, instantanément, j'ai peur que la légèreté de l'objet n'en induise une autre, plus problématique. Sinon rien à dire, c'est un livre, un livre du Seuil, collection Cadre rouge, assez élégante, comme on la connaît. Tout cela n'est pas très intéressant : il est normal, après tout, de se défier un peu d'un tel objet, d'y chercher d'emblée ce qui en lui me ressemble, ce qui y serait à moi, en propre ; comme il est normal d'y voir aussi, d'instinct, ce qui m'en éloigne - mon nom, en gros sur la manchette, que je lis comme le nom d'un autre, en tout cas avec un irrépressible sentiment d'imposture ou d'excessive exhibition. Surtout, et je l'écris parce que je peux à chaque fois le vérifier, et que ma préparation mentale n'y change donc rien, succède à ce moment une phase, plus longue, de plusieurs heures, où domine le sentiment, que je ne m'explique pas, ou mal, d'une certaine dépression, quelque chose qui aurait à voir avec une forme d'écœurement, ou avec quelque chose en moi que l'on aurait éteint - mais à ma demande.
J'ai donc passé tout ce temps à ça, pour ça. Je suis content, mais d'un contentement un peu ébahi, plus dubitatif que véritablement inquiet ; en même temps, maintenant que l'objet existe, et seulement maintenant, quelque chose en moi, instantanément, s'en détourne, commence à se désintéresser de son destin. Je sais que tout commence maintenant, c'est-à-dire qu'à partir de maintenant quelque chose qui m'est propre, en tout cas qui me fut propre au moment où je l'écrivais, va s'en aller à la rencontre des lecteurs, mais que tout ce qui va commencer m'échappe intégralement. Autrement dit, je me sens autorisé à enterrer cette histoire, à passer à autre chose. Je m'en fais toujours la remarque lorsque j'achève un manuscrit ou quelque autre texte, mais cela n'est jamais totalement vrai tant que le texte n'est pas publié, ou, ici, manufacturé. Je sais aussi que ce moment n'est pas fait pour durer. Que c'est le temps où il faut peut-être laisser le livre traverser son petit purgatoire, où il faut le laisser entrer dans sa lévitation, hésitant entre le réel et l'irréel, naviguant encore entre l'objet et son fantasme, le temps où je ne peux faire autre chose que le laisse planer au-dessus autour de moi alors qu'il fait désormais partie de la réalité matérielle. Ce sont là sans doute des sensations de luxe ; mais on ne choisit pas d'éprouver ce que l'on éprouve - ce pourquoi l'on ne saurait en concevoir ni honte, ni scrupules. D'autant que ce que j'éprouve n'est sans doute pas totalement étranger au livre lui-même, à ce qu'il renferme.
Et que morts s'ensuivent - A paraître
Avant sa parution le 12 février prochain, voici déjà la couverture de mon nouveau livre, un recueil de nouvelles.
Et que morts s'ensuivent - Editions du Seuil
Service de presse : Géraldine Ghislain - gghislain@seuil.com