Une critique de Céline Righi (L'Anagnoste)
De cannes et d'épées
Un beau jour, comme un guide tu embarques tes amis et ta femme, Marie, vers la révolution. Lassés, ratatinés, vos espoirs calcinés par l'arrogante jeunesse qui veut vous oublier, vous pousse vers le cercueil, vous regarde de son oeil, sec et indifférent. Stop à l'humiliation. Tu retrouves ton haleine, tu fais vibrer les autres, et te poses devant eux, "remonté comme un intellectuel."
"Un tribun derrière le taiseux." On ne peut plus t'arrêter. Et tes amis te suivent. Vous gagnerez bataille, vous allez leur montrer que le bois sec et vieux peut se faire cinglant et remettre à leur place les têtes de bois vert.
Le narrateur, ton ami d'enfance, lié à toi croix de bois croix de fer, "deux hommes qui n'ont pas besoin de se parler pour se comprendre", parrain de ton Julien, raconte avec une tendresse vigoureuse comment lentement mais sûrement la graine de révolte est devenue gangrène jusque dans vos vieux os :
" Mais ce qui a fait déborder le vase, pour Donatien (...), c'est cette affaire d'hôpital. Plus de place plus de lit qu'ils ont dit, plus d'urgence vu que la vieille casserait sa pipe d'un moment l'autre. Aussi, tout bête, suffisait d'y penser : ils l'ont foutue dehors. Sur le bas-côté direct, en plein coeur de ville ! Une pauvre couverture jetée sur la couche à roulettes. Ni préavis ni couronne. "
Entre deux verres de prune vous vous donnez la force de sauver votre monde, vous trouvez réconfort dans l'amitié solide. Vous ne vous laisserez pas faire et vous vous retrouverez dans un cortège géant, tranquilles mais décidés à leur montrer, à eux, que vous n'êtes pas encore matière pour le rebut.
En face de vous défilent, avec bruit et fureur, les jeunes. Et en première ligne :
" Des mères. Que ça. Des jeunes mères portant leurs bambins sur le devant, à même le ventre, en bandoulière dans des sortes de besaces. Qu'on aurait dit des kangourous. Elles avaient beau crier à tue-tête et nous autres pousser l'oreille, la seule chose qui nous parvenait, c'était les mioches qui chiardaient et ne comprenaient fichtre rien à ce qu'ils faisaient là, sous le cagnard, avec leurs mères s'époumonant dans des rangées d'oignons. Les deux cortèges s'ébrouaient dans une lenteur de grosse limace, un mille-pattes quoi, en tous cas il y avait de l'hésitation de part et d'autre."
Et puis il y a Julien, ton petit, qui a choisi son camp. Julien est avec eux. Julien n'est pas un vieux. Bien sûr en tant d'années, vous eûtes des orages, des différends qui viennent de la différence d'âge. Mais aujourd'hui, trois avril, c'est "un jour de bien beau temps" et tu le retrouves, alors que la situation se désagrège, face à toi, au détour des venelles parisiennes. Il te regarde "avec un sourire de fils" malgré les mauvaises lunes d'avant et vos deux combats d'aujourd'hui.
Oui, c'est un jour de printemps frais et beau. Et puis soudain, le drame...
Le Salon Littéraire / L'Anagnoste
Tandis que l'Anagnoste fait peau neuve en ouvrant ses portes à l'écrivain Romain Verger, qui dès lors officiera aux côtés d'Eric Bonnargent et moi-même, Joseph Vebret, qui a donc mis fin à l'aventure du Magazine des Livres après six années d'existence, lance un nouveau magazine, en ligne cette fois-ci, mais tout aussi voire plus ambitieux encore : Le Salon Littéraire.
Encore largement en construction, son panier n'en est pas moins déjà joliment garni : allez donc y jeter un oeil...
- Là, celle du blog personnel de Romain Verger.
- Là enfin, mais vous la connaissez, celle de l'Anagnoste.
A bâtons rompus avec Eric Bonnargent - Cid Errant Production -
L'été dernier, au tout début du mois d'août, se tenait le festival littéraire organisé par l'association Lectures vagabondes, sise dans l'Hérault, dans les vallées de l'Orb, de la Mare et du Jaur, du côté de Lamalou-les-Bains et Villemagne-l'Argentière.
Franck-Olivier Laferrère et Virginie Vaylet, à la tête de Cid Errant Prod, ont profité de cette bucolique occasion pour susciter un échange entre Eric Bonnargent, mon coreligionnaire du blog L'Anagnoste, et moi-même.
Voici donc la trace filmée de cette rencontre. Cela vaut ce que cela vaut : c'est l'été, les esprits papillonnent, à côté de nous un producteur de vin installe son stand... Paroles impromptues, donc, mais excellent souvenir.
NAISSANCE DE L'ANAGNOSTE
Chers amis et lecteurs,
Le statut de ce blog change à compter de ce jour. Éric Bonnargent et moi-même lançons une nouvelle initiative baptisée L'ANAGNOSTE. C'est sur ce nouveau blog, exclusivement littéraire, que vous pourrez dorénavant suivre mes différents travaux critiques.
Je continuerai toutefois d'alimenter mon blog personnel, suivant les circonstances, mon bon plaisir ou mes lubies, éventuellement mon actualité éditoriale.
Cliquer sur l'image pour découvrir L'Anagnoste.