[Vidéo] Lecture de Claude Aufaure / Il y avait des rivières infranchissables
Il n'y avait que des amis et du joli monde, hier soir à la librairie L'Humeur Vagabonde (Paris 18e), où Olivier Michel avait invité le comédien Claude Aufaure à mettre en voix une nouvelle extraite du recueil Il y avait des rivières infranchissables.
- Donc, merci à Claude Aufaure, toujours aussi amical, souriant et bienveillant. Inutile de dire combien je suis honoré d'avoir été lu par un tel comédien, rompu aux plus grands auteurs et aux plus grands textes.
- Merci à Olivier Michel, libraire mais pas que : non content de pousser les murs, il prépare lui-même sa terrine et son boeuf bourguignon - ce qui ne manque pas de sel.
- Merci à Christelle Mata et Joëlle Losfeld, toujours aux petits soins.
- Merci à Jean-Claude Lalumière (planqué dans un couloir, plaqué contre un mur) qui a consigné l'intégralité de cette lecture pour l'éternité (ou presque).
- Enfin bien sûr merci au public, lecteurs, curieux, amis, devant lesquels je suis toujours un peu intimidé...
v Prochain rendez-vous v
France Inter, La personnalité de la semaine (émission animée par Patricia Martin)
dimanche 12 novembre, 07h50.
Quand les libraires font le boulot
L'époque, dit-on avec raison, est rude pour le livre, en une circonstance où, sans être encore une denrée rare, il n'en fait pas moins (mauvaise) figure de produit de luxe.
- Rude pour les auteurs, dont les droits persistent à ondoyer autour de dix pour cent (en dessous de huit, considérez cela comme de la malhonnêteté, voire davantage) ;
- rude pour les éditeurs, quoi qu'on en ait, qui allument cierges sur cierges en espérant que leur soit enfin adressé le juteux manuscrit qui leur permettra d'étoffer sans trop rougir un catalogue digne de sa qualification littéraire ;
- rude pour ces "petits" métiers qui, il y a peu encore, faisaient la splendeur de l'édition française - typographe, relecteurs, correcteurs...;
- rude pour les magazines spécialisés, pour leurs critiques (très) majoritairement bénévoles et pour les suppléments littéraires des grands quotidiens qui voient leur espace et leur lectorat se réduire comme peau de chagrin (et qui, comme dans le roman de Balzac, finiront donc peut-être par s'éteindre en même temps que le désir de lecture) ;
- rude pour les libraires, qui naviguent à vue entre concurrences virtuelles et/ou déloyales, cherté des loyers et raréfaction de la clientèle ;
- rude pour la Culture - mais nous aurions tort de nous inquiéter, pas vrai, puisque son ministère est tenu par une des nôtres ; et puis surtout, c'est un autre sujet.
Tout cela est résumé à traits on ne peut plus grossiers, mais c'était juste pour esquisser le panorama d'une économie dont tout un chacun pourra au moins concevoir la morosité. Mais après tout, entend-on aussi, qu'importe le vin pourvu qu'on ait l'ivresse ? - entendez : qu'importe l'oseille quand on a la passion? Car il en est qui pensent ainsi et qui ne peuvent rien aimer davantage qu'un écrivain souffrant de malédiction, sans le sou et n'ayant pour seule compagnie qu'un vieux chat arthritique (chien, canari, hamster et lapin nain feront tout aussi bien l'affaire), ceux-là perroquant à qui mieux-mieux qu'on "n'écrit pas pour l'argent, Monsieur" (le "Monsieur", c'est moi qui l'ajoute), un peu à la façon de ces aïeux priant le Ciel qu'une bonne guerre vienne enfin mettre un peu de plomb dans la cervelle (ou autres) de la jeunesse.
Introduction aussi gratuite que parfaitement inutile, je n'en disconviens pas, à un propos qui ne visait en fait qu'à remercier quelques libraires qui se donnent bien du mal pour faire connaître Ils marchent le regard fier, mon dernier roman. Je pense à Lydie Zannini, de la librairie du Théâtre à Bourg-en-Bresse, qui se démêne comme une diablesse et inonde le pays lyonnais de ma prose ; je pense au groupement Initiales et au Moulin des Lettres, la librairie d'Epinal ; à Aurélie Janssens, de la librairie Page et Plume, à Limoges ; à Anne-Françoise Kavauvéa, de la librairie Point d'Encrage, qui ne ménage pas sa peine pour faire connaître les écrivains contemporains à Lyon ; ou encore à la librairie commercienne, qui fait aussi bien des efforts. Tant d'autres encore, bien sûr, que je ne peux citer tant le lecteur en bâillerait (mais le coeur y est), et qui honorent leur profession (car, mais vous l'avez compris, il en va des libraires comme des chasseurs, des huissiers de justice ou des apothicaires : il y a les bons et les mauvais.)
Quant à nous autres, auteurs, de toute façon, pas le choix : on continue.