mardi 4 mars 2014

Goncourt de la Nouvelle : Nicolas Cavaillès - Vie de monsieur Leguat

Le prix Goncourt de la Nouvelle 2014 vient d'être attribué, ce mardi 4 mars 2014, à Nicolas Cavaillès.
Retrouvez le livre sur le site des Editions du Sonneur

Nicolas Cavaillès - Vie de monsieur Leguat

 

Il y a chez Nicolas Cavaillès, dont cette Vie de monsieur Leguat est le premier roman, quelque chose qui n'est pas sans rappeler les humanistes de la Renaissance : une attention particulière à la nuance et à la précision - autrement dit une certaine éthique de la justesse -, la revendication de la liberté de l'esprit, un sens très assuré du Beau, une manière de donner de l'amplitude à la pensée et à la phrase, un refus de l'emphase et du tape-à-l'oeil, un certain détachement du monde aussi, modulé par une sensibilité particulière, pour ainsi dire pré-sociologique, au réel et aux manières de vivre des hommes. Bref, tout ce qui pourrait constituer le caractère de que l'on appelait naguère un gentilhomme, gentilhomme qu'à bien des titres incarne ce François Leguat, lequel ne connut donc jamais la postérité de ces grands explorateurs dont nous connaissons les aventures depuis l'école primaire, et qui pourtant vécut une vie comme on ne peut plus même imaginer qu'il fut possible d'en vivre. Je serai même presque enclin à voir dans ce prestigieux substrat humaniste ce qui, chez Cavaillès, le détourne de l'intention romanesque pure ; quelque chose qui pourrait dire, en substance : à quoi bon l'invention, quand la vie des hommes est toujours plus riche que toutes nos improbables chimères ? Il n'y a pas, ou peu, chez Cavaillès, l'envie de divertir, d'enchanter ou de faire rêver ; Vie de monsieur Leguat atteste plutôt d'un désir de témoignage, de transmission, presque d'édification. Mais, Cavaillès sachant ce qu'écrire veut dire, son écriture, imagée, évocatrice, ferme et délicate, à la fois ample et épurée, finit par conférer à ce texte une sorte de gravité légère et presque euphorisante. De là sourd une tension, un cheminement, aussi peut-on dire, oui, que, de roman il est tout de même question - d'ailleurs qu'est-ce que le roman, sinon, aussi, cette force assez mystérieuse qui confère à nos mots les plus simples et à nos intentions les plus nettes la puissance des vies réinventées ?

De ce François Leguat, on ne sait, encyclopédiquement, qu'assez peu de choses, si ce n'est, donc, qu'il naquit français vers 1637 pour mourir londonien à l'âge de 98 ans (ce qui est déjà assez remarquable), qu'il fut, avec tant d'autres, chassé de France par la révocation de l'Edit de Nantes, qu'avec dix autres de ses compagnons d'infortune il prit les mers sur une petite frégate baptisée L'Hirondelle et que, comme en écho anticipé à l'Oceano nox que Victor Hugo n'a pas encore écrit (Combien ont disparu, dure et triste fortune ! Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune, Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !), la plupart n'en revinrent pas. Vivant de peu, de rien, inventant une vie sur des îles parfois à peine plus grandes qu'un gros rocher, Leguat connut les fers, les maladies et toutes les dérélictions possibles de la chair, la trahison et la brutalité de ses congénères, l'adversité conjuguée de la nature et des hommes, avant de mourir dans les bas-fonds de Londres, où Cavaillès, sans doute ici un peu romancier, l'imagine, racontant une vie d'aventures aux pauvres bougres qui, à des heures indues et le ventre plein de mauvais alcools, l'écoutent peut-être, non sans distraction, un peu comme on prend plaisir à entendre un oiseau chanter dans sa cage. Trois vies en une, c'est ce que nous dit Nicolas Cavaillès de ce François Leguat, dont le portrait tout de courage et d'humilité, d'abnégation et de constance, de sagesse et de curiosité pour le monde, ne pourra que toucher le lecteur. Pas un roman, donc, ou pas tout à fait, moins encore une de ces chroniques voyageuses qui rendent le lecteur impuissant à distinguer entre le vrai et le possible, entre l'imaginable et l'improbable, mais, plus humblement et sans affectation, le récit très sensible d'une vie à la fois exemplaire et dramatique, héroïque et retirée, taraudée par l'appétence à la vie et le côtoiement incessant de la mort, et où pointe la belle et enchanteresse nostalgie des mondes éteints. 

Mes recensions d'ouvrages des Editions du Sonneur, où j'officie comme éditeur,
ne sont publiées que sur ce seul blog personnel.

Lire la présentation de "Vie de monsieur Leguat" sur le site des Editions du Sonneur


mercredi 2 septembre 2009

Remise du Grand Prix de la Nouvelle par Christiane Baroche

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Le 16 juin dernier, le jury de la Société des Gens de Lettres (SGDL) me remettait le Grand Prix 2009 de la Nouvelle.


Je me permets de retranscrire ici l'allocution de Christiane Baroche, qui obtint ce même prix en 1994, sans parler du Goncourt de la Nouvelle en 1978, et qui, au cours de cette soirée aussi émouvante qu'amicale, fut en quelque sorte ma marraine.
Je veux ici la saluer, et la remercier d'avoir fait montre d'autant d'enthousiasme pour mon recueil, et de chaleur à mon endroit.

Christiane_Baroche« Les nouvelles de Marc Villemain constituent certes un recueil, mais surtout un cimetière de stèles, lesquelles en terminent avec onze destinées plus ou moins funèbres mais comportant des filigranes savoureux !

Autant de mise en... boîtes, en quelque sorte, et à prendre au double sens de l'expression : ici, l'on tue - ici l'on dégringole, en parallèle, certains auteurs, à commencer par Villemain lui-même (sous un nom abrégé) ! Et d'une dalle à l'autre, il court, il court le furet, sous le couvert d'une Géraldine Bouvier qu'on voit renaître de page en page, jeune, vieille, mère d'un enfant digne de la Guerre des boutons, infirmière, cantatrice, en définitive très portée sur l'assistance de personnages en péril mais qui, parfois, hésitent encore !
Quant aux instruments mortifères, ils oscillent de la fourchette aux ciseaux, de l'acide à la fourche paysanne, et du cannibalisme au coup de feu mal orienté.

Reconnaissons-le, Villemain exploite à mort, n'est-ce pas, tout ce qui lui passe sous la main, pardon, sous la plume, laquelle in fine, vient à bout du MD qui nous a valu toutes ces histoires. MD ? Allons, ces initiales ne vous disent rien ?  »

Christiane Baroche

mercredi 6 mai 2009

Grand Prix 2009 de la Nouvelle

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Et que morts s'ensuivent vient de se voir décerner, par la Société des Gens De Lettres (site), le Grand Prix 2009 de la Nouvelle.

Comme qui dirait une bonne nouvelle.

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jeudi 26 mars 2009

Prix Lavinal : c'est parti !

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e Prix Lavinal vient d'entrer dans la phase, très délicate, de lecture des livres sélectionnés...

Des informations ici, sur le site de France 3 ; et quelques précisions  , sur le site de la librairie Mollat.

C'est la première fois qu'un recueil de nouvelle intègre la sélection de ce prix.

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mercredi 18 mars 2009

Prix littéraire - Prix Lavinal

Et_que_morts_s_ensuiventEt que morts s'ensuivent vient d'être sélectionné pour la 3ème édition du Prix Lavinal, organisé par la librairie Mollat, France 3 Aquitaine, le journal Sud-Ouest, Radio France Gironde et le café Lavinal.

Cinq autres livres sont en lice :

- Stéphane Audeguy, pour Nous Autres, paru chez Gallimard ;
- Dominique Périchon, pour Samedi soir et des poussières, paru au Dilettante ;
- Tatiana Arfel, pour L'attente du soir, paru chez Corti ;
- Nathalie Léger, pour L'exposition, paru chez POL ;
- Grégoire Polet, pour Chucho, paru chez Gallimard.

Le prix sera décerné autour du 11 juin, au château Lynch-Bages.
Le lauréat 2008 était Eric Laurrent, pour son livre Renaissance italienne, paru aux éditions de Minuit.

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