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Marc Villemain
2 novembre 2024

Ostinato : la critique de Frédéric Bonfils (Foud'Art)

Ostinato : la critique de Frédéric Bonfils (Foud'Art)

 

Ostinato :

La mélodie des relations inachevées

 

Marc Villemain, connu pour ses romans subtils et déroutants, fait ses premiers pas sur scène avec « Ostinato », une pièce qui explore les thèmes de l’amour, du pardon et de la réconciliation entre un père et son fils. À travers un récit qui oscille entre intimité familiale et thriller psychologique, Villemain continue à creuser les profondeurs des relations humaines, où les non-dits et les mensonges façonnent les destinées.

 

Dans « Ostinato », tout commence par des retrouvailles. Un fils revient vers son père, ancien musicien de jazz, après des années de silence. La maison de bord de mer, théâtre de leur confrontation, devient le témoin d’une vérité longtemps enfouie. À l’image de l’ostinato en musique – cette répétition rythmique qui, sans cesse, évolue tout en demeurant identique – les échanges entre les deux hommes, au départ sobres et prudents, prennent peu à peu des airs de confession. Les secrets du passé refont surface, les émotions autrefois contenues éclatent, et le spectateur se retrouve pris dans un drame familial où chaque geste, chaque silence, semble chargé de significations profondes.

 

Cette première pièce de Marc Villemain s’inscrit dans la continuité de son roman Il faut croire au printemps. Déjà dans ce livre, l’auteur déployait une relation complexe entre un père et son fils, où le non-dit régnait en maître. Mais sur scène, la magie opère autrement : l’écriture se fait chair, et les personnages, joués par des acteurs investis, révèlent toute leur humanité. Villemain parvient à saisir l’essence même des relations filiales, souvent marquées par une pudeur et une douleur impossibles à formuler.

 

La mise en scène, signée Dimitri Rataud, souligne avec finesse les nuances de cette relation. Pour Rataud, « Ostinato » est avant tout une pièce sur l’amour : celui qui unit un père et son fils malgré les épreuves, celui d’un couple qui perdure au-delà des conflits, et celui des artistes, qu’ils soient sur scène ou dans les coulisses, qui font vivre cette histoire. Les acteurs, Claude Aufaure et Ludovic Baude, apportent une dimension palpable à cette pièce, où chaque regard et chaque silence portent un poids émotionnel considérable. Hélène Cohen, en tant que médiatrice entre ces deux hommes, complète ce trio avec une élégance discrète, tout en ancrant l’histoire dans une vérité universelle.

 

Ce drame, à la fois intime et universel, se joue sur une scène minimaliste, où l’essentiel est dans les mots, les gestes et les regards. Comme l’exprime Dimitri Rataud dans sa note de mise en scène, « Ostinato » est une pièce sur l’inexprimable, où l’amour se dit souvent dans ce qui n’est pas prononcé, dans les silences qui séparent un père et un fils, un mari et une femme. Le décor, épuré mais évocateurs, renforcent cette impression de huis clos où chaque détail compte.

 

« Ostinato » est une pièce qui, à l’image d’un motif musical, se répète et évolue au gré des scènes, offrant au spectateur un aperçu de la fragile beauté des relations humaines. Elle explore l’ambiguïté des émotions, la complexité des individus et la douleur liée à l’amour. Toujours inattendue, cette œuvre surprend à chaque instant, là où on ne l’attend jamais.

 

Frédéric Bonfils

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