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Marc Villemain
17 novembre 2023

Hommage à André Blanchard - Jazz Club « Chez Papa »

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Après Lyon, avant Besançon, c’était, ce 17 novembre à Paris, jour d’hommage à André Blanchard. Une heure durant, dans ce lieu splendide aux souvenirs graffités à même les murs de « Chez Papa », le club de jazz de la rue-Saint-Benoît, Pauline, fille de l’écrivain, superbement accompagnée par le pianiste François Mardirossian, a donc extrait quelques facettes tantôt bucoliques, tantôt nostalgiques, tantôt résignées des quatorze Carnets de l’écrivain disparu le 29 septembre 2014.

 

Son propos introductif donna une petite idée de ce que put être la vie d’une jeune fille (et de sa mère) auprès d’un homme que l’existence intéressait sans doute moins que la liberté de l’écrire – « Tu gardes tout pour tes phrases », lui faisait remarquer celle qu’il désignait toujours par la seule lettre « K ». Puis ce fut au tour de François Mardirossian de dire en quoi la découverte de cet écrivain avait changé sa vie, jusqu’à le conduire à entrer en relation avec sa fille.

Devant une assistance modeste mais privilégiée, tous deux prirent le parti d’un hommage très digne, intimiste, presque solennel, quitte à laisser de côté les notations plus sardoniques, volontiers cinglantes, d’une œuvre dont bien des aspects, à la fois dans sa forme – celle du Journal – et dans sa tonalité sauvage et sensible, revêche et dépitée, l’ont bien souvent fait comparer à un Léautaud. L’émotion et la gravité de Pauline Kawa Blanchard, soutenue, attisée par les pièces d’Arvo Pärt, de Preisner, de Chopin ou de Satie, achevèrent de conférer son tour élégiaque à cet hommage que je ne suis pas loin d’avoir entendu comme une étape du deuil.

 

Le lecteur intransigeant, le contempteur de nos humaines toquades, l’atrabilaire contrarié, le vieil anar qui donna à l’un de ses Carnets le titre de Pèlerinages, eut donc bien droit, d’une certaine manière, à sa messe de requiem, lui qui, dans Un début loin de la vie, écrivait : « Finalement, c'est le cœur plutôt comblé que je quitterai ce monde puisque, à côté de ma part de déboires et de souffrances, j'aurai connu avec K., avec les livres, avec les animaux, le plaisir et la joie. Amen. »


L’œuvre d’André Blanchard est disponible aux Éditions Le Dilettante.
Cliquer ici pour lire mes quelques recensions des Carnets.

 

Pauline Kawa Blanchard et François Mardirossian

Commentaires
M
"Messe de requiem" : le mot visait surtout à être plaisant - l'auteur ayant lui-même usé d'un humour sans doute un peu comparable en écrivant ses "Pèlerinages". Au demeurant, je ne prétends pas que Pauline, en organisant une telle rencontre (à laquelle je crois avoir un peu contribué), "fasse son deuil", seulement que celle-ci peut bien en constituer une "étape" (après tout, le mot et le concept existent), autrement dit une appropriation bien vivante de la mémoire et du souvenir. Afin, comme je m'y emploie moi-même depuis des années, que les livres d'André Blanchard demeurent parmi nous et ne cessent jamais de trouver leurs lecteurs. Mais ce n'est là que mon impression très personnelle, je ne prétends à rien d'autre. D'autant, m'a-t-elle confié, que les rencontres suivantes pourraient avoir un tour un peu moins mélancolique (que, mais est-il utile d'y insister, j'ai trouvé très beau).<br /> <br /> M.
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K
Etait-ce une messe de requiem? n'y ayant pas assisté, (J'attends avec impatience la lecture musicale du 11 février à Besançon),je vous accorde tout à fait cette interprétation. Je me permets néanmoins d'y voir autre chose, étant depuis toujours persuadée que les textes de Blanchard lui survivraient. Je ne pense pas que Pauline par cette entreprise, cherche à "faire son deuil "(expression que j'exècre et qui traduit bien la médiocrité de notre époque) mais insuffle aux mots de son père la vie, le retrouve grâce à ses phrases, et par delà la mort, le présente à de nouveaux lecteurs. <br /> <br /> K.
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