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Marc Villemain
19 février 2008

A propos de Robbe-Grillet, ou l'essence hypocrite de l'hommage politique

Alain_Robbe_Grillet___Eden_and_after
J
e ne suis pas à proprement parler grand amateur d'Alain Robbe-Grillet, dont l'importance littéraire ou para-littéraire ne m'échappe pas, mais à l'écriture et aux univers duquel je n'ai jamais été plus sensible que cela. Il n'empêche que l'on ne peut qu'être confondu devant l'hypocrisie de l'hommage qui lui est rendu depuis hier. Je ne parle pas de Bernard-Henri Lévy, les deux hommes ayant toujours été proches, partageant notamment une même manière de revendiquer l'extrême liberté pour la création et éprouvant une même drôlerie, voire un même plaisir, devant la cocasserie du petit théâtre des adversités contemporaines. Je pense plutôt aux personnalités politiques qui, de droite et de gauche, louent, l'œil humide et la main sur le coeur, le chantre des ruptures, le rebelle aux routines institutionnelles et l'explorateur émancipé de toutes les intimités. Son ultime roman sentimental livrait et délivrait ses fantasmes pédophiles, incestueux et meurtriers : à cette aune, il est à tout le moins pittoresque d'entendre tout un pan de la bourgeoisie, celle qui rêve de transformer la psychanalyse en psychiatrie et de mettre préventivement en prison ceux que le sexe travaillerait un peu trop, dire son respectueux hommage avec autant de conformisme. Que le monde politique et le monde de l'art aient depuis longtemps rompu les ponts (hors période électorale), nous le savions déjà ;  le problème est que la culture n'irrigue tellement plus le politique que tout hommage, non seulement sonne faux (ce qui ne serait ni nouveau, ni très grave), mais achève de discréditer encore davantage des laudateurs tout émus de se sentir émus. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, voulut interdire à la vente un roman dans lequel l'auteur avait essayé, non sans mal, de pénétrer le cerveau complexe d'un pédophile ; une fois président de la République, il s'attriste de la disparition d'un écrivain qui, au soir de sa vie et de la façon la moins romanesque qui soit, confessa un certain nombre de tentations sexuelles à tout le moins non conformistes : comme quoi, pour cet héritier contrarié de 68, tout est politique, y compris la libido. Cela dit, à cette heure, on attend avec beaucoup d'intérêt l'hommage que, à son tour, Ségolène Royal
ne saurait manquer de lui rendre.

Commentaires
P
Il y a environ cinq ans, je laissais trainer sur des forums internet des fausses idées personnelles sur une fausse envie pédophile de ma part que je revendiquais, mais sans faire d'acte je précisais. Juste le pour dire... Et le pour voir les réactions du Public...<br /> Ce fut alors de violentes insultes, des menaces de mort accompagnés de dessins évocateurs, des tentatives d'effraction informatiques sur mon ordinateur personnel... Bref il y avait même des chasseurs de pédophiles qui se revendiquaient ainsi.<br /> Quand on sait qu'il y a maintenant des traitements psy pour les pédophiles, et que la pédophilie paraisse plus relever de la maladie mentale que de la perversion pure et dure, pour le pédophile qui ne tue pas, bien sur, on est surpris par la réaction du public.<br /> Nos hommes politiques ne feraient rien pour expliquer la pédophilie que par peur de la Foudre Populis ?<br /> On craint que oui, non ?
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F
http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Satori.svg<br />
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M
Oui oui bien sûr, ritournelle éternelle... Elle n'en demeure pas moins chaque fois hautement agaçante...
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F
N'est-ce pas là la coutume ? Minauderies protocolaires pour lesquelles il n'y a pas de supériorité politiquement directionnelle (gauche, droite, milieu).<br /> <br /> Veritas odium parit, obsequium amicos.
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