Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Marc Villemain
26 janvier 2008

Les Eveilleurs d'Etat - Le texte

short-satori

 

En mars dernier a paru aux éditions Antidata un recueil de nouvelles, intitulé Short Satori et consacré au thème de l'Eveil.

J'eus le plaisir d'être convié à y contribuer, au même titre que les écrivains suivants : Dominique Boeno, Alain Dartevelle, Philippe Di Folco, Pierre Ho-Schmitt, Matthieu Jung, Jean-Claude Lalumière, Olivier Martinelli, Christophe Merit, Benjamin Peurey, Martin Porato, Olivier Salaün et Emmanuelle Urien.

Je propose ici mon texte à votre lecture. Il est intitulé Les Eveilleurs d'Etat.

Commentaires
M
Voilà bien une chose que le blog m'a apporté et à laquelle je ne m'attendais pas : des lecteurs aussi méticuleux, précis, soucieux de ce qu'ils lisent. Un tel commentaire m'aide à comprendre ma propre écriture, donc merci.
Répondre
F
Vous faites bien de citer Kundera qui, dans L'immortalité, écrit que la musique est une pompe à gonfler l'âme et dans l'Art du roman, que "la beauté d'un mot ne réside pas dans l'harmonie phonétique de ses syllabes, mais dans les associations sémantiques que sa sonorité éveille."<br /> De l'importance intellectuelle je passerais volontiers vers une destination sensorielle, sans règles et sans vérités, libre de toute dépendance artificielle.<br /> Nous ne sommes pas dans le registre de : « Ce livre s’inspirerait tout simplement d’histoires contenues dans des chansons. » ni dans celui de lire un texte et de le mettre en musique, même de manière simplement auditive. Par ailleurs, je n’y vois pas de « coloration » de l’histoire. <br /> La dimension sensorielle est propre à chacun, avec ses intensités et ses variations. L’écrit originel, mis à nu par son auteur, prend toute son importance lors de la « prise en sens et en effets » des lecteurs. Au-delà des critères de qualité, de jugement et de niveaux, la « musique » littéraire qui m’intéresse (lorsque je la ressens) est celle qui, dans mon espace sensitif, crée un rapport d’harmonie, des pensées qui s’entresuivent et se lient (J. Joubert). Ainsi, toutes mes lectures ne seront pas musique à mes oreilles. L’idée, dans ce cas, n’est pas non plus d’associer une composition musicale existante à un écrit. Pourquoi ne pas considérer qu’un écrit puisse être une combinaison harmonieuse ou expressive des sons ? une représentation simultanée du sentiment de mouvement et du mouvement du sentiment (M. Aguéev, Roman avec cocaïne) ? Ce que vous ressentez (et comprenez) devient fusionnel et passionnel et nul besoin d’en faire un paradigme. Je pense à cet instant à Maurice Chapelan (Lire et écrire) : <br /> « Prédilection pour qui m'oblige à le relire, dans le moment même que je le lis, remontant à l'entrée d'une phrase d'où j'allais sortir, pour le plaisir d'en parcourir de nouveau, soit le jaillissement, soit les méandres et la ciselure. Ce peut être dix fois de suite que je me donne ce plaisir-là. »<br /> <br /> Je cite quelques passages des Eveilleurs d’Etat :<br /> « tout autre indice sonore connu, timbre, grésillement, frottement, éclat, mélopée, résonance, grincement, miaulement ou autre sanglot »<br /> Les mots s’entresuivent, associant la forme et le fond. A moins d’être sourd…<br /> <br /> « Avec le temps, M. et la poignée de ceux dont il partageait les convictions cédèrent pourtant du terrain, admettant que les mutations enregistrées par le climat dans le courant du vingtième siècle, qui avaient réduit les périodes de lumière naturelle à quatre heures par jour, contraignaient à modifier radicalement les rythmes biologiques et sociaux de l’humain » <br /> Le choix des mots et de leur place (pourquoi « quatre » « radicalement », pourquoi faire précéder « sociaux » de « biologiques » ?)<br /> <br /> « La clarté radieuse de son enfance, cette clarté sincère qui déployait son lin sur les monts, les vallées et les plaines, qui scintillait sur les tuiles humides des maisons, sur la corolle des pétales de tournesol et sur la dernière écume de la vague s’essoufflant sur les algues miroitantes, cette clarté-là n’était plus : une toile d’ombre lui faisait obstruction, toile qu’un projecteur aurait comme éclairée de derrière – ainsi, au théâtre, pouvons-nous deviner, en arrière du lourd rideau rouge qui tarde à se lever, de sombres silhouettes qu’agite quelque conciliabule ésotérique ».<br /> La rythmique et la nuance changent, (alliance des mots pour créer l’expression) notez l’importance et le choix de la ponctuation.<br /> <br /> <br /> « Le ministère public l’a autorisé à prendre soin d’un petit chien auquel il a donné le nom de Thanatos – parce qu’il était le frère jumeau de Hypnos, qui, seul, parvint à endormir Zeus. Il déambule souvent, à pas d’heure, hasardant sa marche jusque dans les rues les moins éclairées de la ville, d’un pas qu’alourdit parfois, et parfois jusqu’à la chute, le souvenir des mondes qui ont chu. »<br /> Changement de tempo, subtile entrée de Thanatos et Hypnos, répétition voulue du mot parfois, choix du mot chute et du verbe choir.<br /> <br /> Votre cadence, vos tempi, votre Muse des mots, Michael, sont d’une autre dimension, sont différents et malgré l’apparent antagonisme de vos deux « tempéraments », j’aime vos compositions à tous deux.
Répondre
M
Vous persistez, chère Françoise, à investir d'intelligence mes mots ou mes textes... Merci.
Répondre
F
De la très belle littérature pour ce texte d'une grande intensité. Je ne puis m'empêcher de comparer sa composition à l'écriture d'un impromptu dont chaque note, chaque temps, de la ligne mélodique à la ligne harmonique, ont été choisis avec un soin tout particulier.<br /> La fiction et son antonyme cohabitent avec dextérité, ciselés dans une cadence intemporelle.
Répondre