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Marc Villemain
1 juin 2023

Il faut croire au printemps lu par Laurent Greusard (K-LIBRE)

 

 

Trésors d'Étretat

 

Voilà un roman bien particulier qui s'ouvre sur une dispute entre deux amoureux avec l'homme qui tue la femme de manière accidentelle. Mais il a peur. Alors, il embarque leur bébé dans son couffin, puis va jeter le corps de la femme, durant la nuit, à des centaines kilomètres de distance, depuis les falaises d'Étretat. Enfin, il rentre dans la nuit, ni vu ni connu, avant de prévenir la police dans les jours qui viennent. On évoque une fugue et le corps n'est jamais retrouvé. Là-dessus, des années ont passé. Le père et son fils, malgré la "disparition" de la mère, ont continué à vivre. Le père initie même son fils à son métier. Il est musicien de jazz, membre d'un trio qui commence à être connu. C'est alors qu'un problème se pose : une amie du couple en voyage en Allemagne pense avoir vu la femme disparue dans une sorte de secte hippie écologique. Même si le père sait que c'est faux, il est quand même obligé de se rendre sur place avec son fils, afin de faire semblant d'enquêter. De fil en aiguille, de rencontres amoureuses allemandes (une serveuse) à irlandaises (une avocate), de mensonges en mensonges, poussé par son fils qui ne demande que la vérité, le père s'enfonce. Comment va-t-il alors s'en sortir ?

 

Le roman de Marc Villemain n'est pas à proprement parler un roman policier car le cadavre disparait dès le début et ne réapparaitra pas. Mais le personnage doit faire comme si sa compagne s'est enfuie en l'abandonnant. Comment construire sa vie sur ce mensonge ? Comment essayer d'élever son fils avec ce poids ? Et comment faire avec l'amour ? Constitué de trois séquences - la mort, le voyage en Allemagne, celui en Irlande -, Il faut croire au printemps se déroule dans une sorte de huis-clos, dans un milieu intimiste, comme si nous étions par exemple dans un film de François Truffaut, où les choses ne se disent pas forcément, où les sentiments sont en demi-teinte. S'achevant sur une fin extrêmement ouverte, le récit est prenant, littéraire, mais risque de décontenancer les puristes du polar. Ceux qui connaissent déjà les éditons Joëlle Losfeld retrouveront le charme de leur publication, une écriture fine et subtile, et découvriront un roman qui leur fera autant de bien au cœur et à l'esprit que ceux de Chantal Pelletier, Marc Villard ou Richard Morgiève.

 

Laurent Greusard
À lire sur K-LIBRE, site dédié à la littérature policière et au film noir

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