Postérité génétique
On dit les hommes politiques soucieux de postérité - leur seul point commun, peut-être, avec les écrivains. À cette aune, il est curieux de constater combien nombre d'entre eux, engagés à corps perdus dans le présent immédiat, négligent ce que l'histoire retiendra et dira d'eux. Prenez Thierry Mariani, député UMP connu pour être décomplexé — entendez par là membre d'une droite qui assume librement ses dimensions historiques et traditionnelles les plus rudes : quelque chose d'un peu martial, militaire, viril et conquérant. L'histoire (c'est-à-dire, pour être concret, les livres, les manuels, les médias, la doxa) retiendra de Thierry Mariani qu'il fut parmi les premiers à tenter, en toute légalité démocratique, un fichage génétique des comportements sociaux, culturels, migratoires et démographiques, jouissant d'une arme, l'exploration de l'ADN, dont auraient rêvé et dont rêvent tous les totalitarismes. Nous sommes ici même au coeur des travaux de Michel Foucault sur le bio-pouvoir, et plus encore de la prophétie d'Orwell, qui conjugue novlangue anesthésiante, fascination technoïde et archivage bureaucratique de l'humain redevenu hominidé.