La fRance dans les rues (du 16ème)
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Il y a quelque chose de déroutant et, je dois bien le dire, d’assez navrant, dans l’image de cette poignée de Français éplorés agitant leurs mouchoirs immaculés pour Nicolas Sarkozy, ex-président de la République, au moment de son départ pour la prison de la Santé. N’ayez crainte, braves gens, ce ne sera pas sa dernière demeure, tant s’en faut : il ouvrira lui-même ses petits cadeaux au pied du sapin de son luxueux enclos de la villa Montmorency. Que l’on m’entende bien : je ne me réjouis jamais – jamais – d’un emprisonnement. Tout emprisonnement est le signe d’un échec. Et je ne me réjouis pas davantage, pour la France mais plus encore pour la bonne santé de nos sociétés démocratiques, qu’un chef d’État, dût-il appartenir au passé, ait commis un certain nombre d’actes ou se soit mis dans un certain nombre de situations qui, en raison, a conduit la Justice à le condamner. Je ne peux y voir qu’un indice parmi tant d’autres du relatif délitement de ce qui fait notre commun civilisationnel. Que l’on me pardonne cette emphase, manière comme une autre de me mettre au diapason de l’émoi que suscite un événement qui ne devrait pas en être un.
Je rappelle toutefois, et sans mauvais esprit polémique, que Nicolas Sarkozy ne serait aujourd’hui très probablement pas en prison si la droite, dont il a considérablement contribué à durcir le discours répressif (pas seulement depuis son passage à l’Élysée mais dès qu’il fut en poste à l’hôtel de Beauvau) avait su, pu ou voulu résister à l’air du temps et n’avait pas sombré dans son tropisme ultra-sécuritaire. Au point de créer les textes de lois qui, précisément, permettent aujourd’hui à la Justice d’incarcérer Nicolas Sarkozy.
Pour rappel, 84 311 personnes sont à ce jour écrouées dans les prisons françaises. Parmi elles, 22 364 sont en détention provisoire, en attente de leur jugement et, de ce fait, toutes présumées innocentes.