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Marc Villemain
27 décembre 2012

La Campagne de France - Jean-Claude Lalumière

 

 

Jean-Claude Lalumière et moi n'avons pas tout à fait les mêmes petits vieux. Phrase d'introduction un peu sybilline, penserez-vous, et pour cause, puisque j'adresse là un simple clin d'oeil au roman que je publie moi-même en mars prochain, et dans lequel il est aussi question (est-ce un symptôme ?) de petits vieux. Toutefois je ne suis pas là pour parler de moi, mais bien de ce troisième roman de Lalumière qui, comme on le sait maintenant et plus encore depuis le succès du Front Russe, n'en est pas une, suivant cette bonne blague parfaitement indémodable. Jean-Claude étant un ami très proche, j'ai eu le loisir déjà de lui dire tout le bien que je pensais de cette très épique et folklorique Campagne de France : je vais enfin pouvoir entrer un peu dans le détail de cet enthousiasme...

 

Comme je n'aime pas raconter les histoires, et moins encore suppléer aux quatrièmes de couverture, il vous suffira de savoir qu'est ici retracé le périple d'une douzaine de personnes âgées, emmenées par deux jeunes gens très diplômés mais à l'avenir tout aussi incertain, qui se sont mis en tête de proposer des circuits culturels en bus à travers la France. La sorte d'agence qu'ils ont montée étant loin de pouvoir être considérée comme florissante, les deux compères sont bien obligés d'en rabattre, de mettre pas mal d'eau tiède dans leur nectar, de faire le deuil d'un tourisme culturel (antinomie ?) à peu près digne de ce nom et de sacrifier à l'écume télévisuelle des jours. "Le voyage avait pourtant bien commencé", comme il est écrit en ouverture du roman.

 

Ceux qui ont lu Le Front russe le constateront d'emblée avec moi : l'amateur (très) éclairé est devenu un authentique professionnel. La chose frappe dès les premières pages : le fil est tendu bien raide, la potacherie n'est plus seulement utilisée pour elle-même mais pour les besoins propres au récit, les transitions passent pour naturelles ; quant à l'écriture, elle a énormément gagné en maturité, ce qui, du coup, donne au propos une distance nouvelle, quelque chose qui pourrait nous faire dire que le romancier est devenu écrivain. Bref, on s'esclaffe moins mais on sourit davantage, et c'est très bien ainsi. Et si les années soixante-dix constituent toujours le paysage de prédilection de Jean-Claude Lalumière, paysage un peu kitsch, comme de bien entendu, à cheval entre l'instinct libertaire et la pécadille publicitaire (à la fin du livre, je me disais qu'il serait amusant d'illustrer le texte de quelques ritournelles de Michel Fugain), il en déborde parfois pour atteindre plus directement le contemporain. C'est toujours très amusant ("ne faites pas votre Bégaudeau", fait-il dire à un de ses personnages à propos d'une blague de salle des profs ; ou encore celui-là, déclarant à soixante-dix ans que "celui qui n'avait jamais conduit de Solex avait raté sa vie"), même si, bien sûr, cela fait courir à la tension drolatique, qui comme toujours chez Lalumière est permanente, le risque de l'éphémère. Sur le fond pourtant, Jean-Claude n'a pas beaucoup changé : il demeure l'observateur espiègle, narquois, pince-sans-rire que l'on connaît. Ici, pourtant, il semble plus entier, plus complet, ne cherche pas à faire mouche à tous les coups, comme s'il assumait mieux sa part spécifiquement littéraire. En attestent certains traits plus retenus, certaines atmosphères plus étoffées, quelques digressions un peu nouvelles pour lui, plus tendres, plus posées : c'est moins immédiatement hilarant, mais on y gagne en acuité, en justesse, en empathie. Une écriture plus mûre, un propos plus serein, un humour plus diffus, une narration plus serrée : non content de confirmer que nous avons bien affaire à un maître du genre, ce nouveau roman réunit tous les ingrédients pour faire un très joli succès populaire.

 

Mais. L'ours en moi grogne un peu... Car ce que, à certains moments, j'avais pu trouver par trop léger, ou gratuit, dans Le Front russe, était aussi ce qui m'y attachait. Il y avait, dans la succession un peu loufoque de ces scénettes où le cocasse le disputait à l'absurde, quelque chose d'artisanal et de frais : ici, plus rien n'est maladroit. J'ai conscience, bien sûr, du caractère un poil paradoxal de cette réserve, mais c'est peut-être le revers de la médaille : ce petit objet, assez parfait dans son genre, qu'est La Campagne de France, nous étonne ou nous bouscule peut-être un peu moins, la provocation y étant moins drue, l'humour plus intégré - ce qui, je suis tout prêt à le parier, n'échappera pas à nos cinéastes. Mais l'on peut aussi faire fi de mes grognements et se laisser aller au plaisir de ce road-movie pas comme les autres, attendrissant, déluré, parodique autant que sociologique - et, après tout, c'est ce que j'ai fait. 

 

Jean-Claude Lalumière sur le site des éditions du Dilettante

20 décembre 2012

Valery Larbaud - Allen

 

« Eh oui : nous sommes, aujourd'hui, au nombre des heureux de ce monde ; l'ami qui nous conduit est un des jeunes hommes les plus riches de Paris, et nous avons des pardessus épatants et des tas de trucs et d'accessoires de grand lusque, et mieux encore : en large et en long, toute la France. » Voilà qui reflète bien l'état d'esprit de ces cinq amis traversant la France pour s'en aller rejoindre ce que l'un d'entre eux nomme son « Duché » , périmètre bien français situé en plein coeur du Bourbonnais - dont est originaire, on le sait, Valery Larbaud ; le livre est d'ailleurs dédié à sa mère et « à notre Pays natal. »

 

Hommage au Bourbonnais autant qu'éloge du voyage et conversation sur nos « provinces françaises », Allen est un petit bijou d'esprit, de vivacité, de profondeur dandyesque autant que de légèreté grand-bourgeoises. Champêtre et parisien, Larbaud livre en peu de pages (et commente remarquablement, en fin d'ouvrage) une sorte de condensé de l'esprit français, traversant l'histoire et la géographie comme autant d'expressions possibles de notre entendement et de nos moeurs.

 

Ces cinq-là conversent donc en voiture, cheveu au vent et verbe batailleur, se risquant à quelques pointes pour mieux ralentir et s'extasier devant l'antique beauté des choses, souriant d'eux-mêmes, de ce qu'il y a en eux de provincial lorsqu'ils sont à Paris et de parisien lorsqu'ils sont dans « les provinces ». Il y a dans ce périple enchanteur quelque chose d'extraordinairement libre, et précurseur, peut-être, d'un certain esprit libertaire. L'on s'émeut du baiser qu'une jeune fille d'un quelconque pensionnat lance en catimini sur le passage de la voiture (« un de ces jeunes lis français, haut sur tige et bien blanc, avec un air un peu sainte Jeanne d'Arc, un peu sainte Nitouche »), et l'on se prend à rêver, en précurseurs du tag, de réveiller ces petite villes endormies : « et quand je suis dans une de ces villes, je me sens tout disposé à la taquiner, à lui faire des farces telles que : redorer les pointes des grilles de la sous-préfecture, mettre des poissons rouges dans les bassins des jardins publics, peindre sur les rideaux de fer des boutiques des emblèmes appropriés au commerce qu'on y fait ou des paysages ou des combinaisons et des rayurdes de couleurs vives ou tendres, pour que les rues des dimanches et des jours fériés soient moins tristes. » Audacieux (qu'on en juge par les dialogues) et remarquablement composé, ce petit texte de Larbaud, mine de rien, manifeste de manière incroyablement érudite et vivante tout un pan de ce que l'on pourrait désigner comme un idéal civilisationnel. L'on y passe d'un entrain presque potache à une douce et tendre mélancolie, celle qui met dans la bouche de Valery Larbaud ce beau mot de retirance, lequel, mieux qu'une retraite, dit bien ce à quoi, de tous temps, aspire l'homme d'art et de pensée.

 

Allen, Valery Larbaud - Éditions Sillage
Première édition : Gallimard, 1929

18 décembre 2012

Joseph Roth - Job, roman d'un homme simple

Joseph Roth - Job, roman d'un homme simple
Contrairement à mes habitudes, je suis entré dans ce livre sans rien en souligner ni prendre la moindre note : sans doute parce que, d'instinct, j'avais senti que je ne saurais rien en dire de bien marquant. Je m'en mords les doigts, maintenant que je l'ai refermé, car alors j'aurais peut-être mieux su faire part de mon enthousiasme et en conseiller la lecture de quelques arguments bien nets. Bref.

 

Paru en 1930, soit deux ans plus tôt, ce texte, probablement l'un des plus importants dans l'oeuvre de Joseph Roth, n'aura toutefois jamais eu le succès universel que connut La marche de Radetzky. L'universalité, voilà bien pourtant ce dont peut se targuer cet authentique chef-d'oeuvre qu'est Job, le roman d'un homme simple. Explicitement inspiré par le personnage biblique, Joseph Roth adopte à son tour les contours du conte, pour ne pas dire de la parabole, et rapporte le destin d'un homme quelconque, religieux et miséreux ; le livre s'ouvre ainsi : « Il y a bien des années vivait à Zuchnow un homme nommé Mendel Singer. Il était pieux, craignant Dieu et ordinaire, un Juif comme on en voit tous les jours. » (Pour mémoire, voici comment, dans la Bible, s'ouvre Le livre de Job : « Il y avait dans le pays d'Uts un homme qui s'appelait Job. Et cet homme était intègre et droit ; il craignait Dieu et se détournait du mal. ») À travers Mendel Singer, ce n'est pourtant pas seulement la destinée errante du Juif que Joseph Roth prend pour sujet. Bien sûr, nombre des traits qui donnent au roman son incroyable palpitation trouvent écho dans sa vie, et plus encore dans le paysage culturel, mental, de cette époque, qui vit l'exil de nombreux Juifs de Russie ou d'Europe centrale vers les promesses du monde américain. Ce que Roth montre de la vie dans les shtetls, de l'organisation sociale, familiale, des conditions d'existence, de la foi et des rêves d'alors, tout cela est pain béni, si j'ose ainsi parler, pour qui voudrait en éprouver l'atmosphère. Roth est assez inclassable, son oeuvre a traversé bien des périodes, mais il est tout de même enfant, à sa manière, de ce que l'on appelait la Nouvelle Objectivité, et il doit bien en rester quelque chose dans cette manière assez formidable qu'il a de conférer aux faits une telle puissance d'évocation. Cela tient, probablement, à ce mystère persistant que l'on nomme le style ; lequel constitue ici, on l'a compris, une leçon tout bonnement splendide : il y a, dans la simplicité et la profondeur du trait, dans le bannissement de toute affectation, dans la sensation d'évidence à laquelle renvoie chaque mot, chaque idée ou pensée, dans cette façon assez physiologique de faire de chaque scène un pendant du réel, il y a, donc, dans cette économie de l'écriture, de quoi se figurer à quelle intimité, à quelle source atemporelle et singulière Joseph Roth est allé puiser pour écrire ce chant d'humanité.

 

Je n'ai jamais considéré qu'il était nécessaire aux grands livres d'être pourvoyeurs d'une morale ou dotés de caractères aimables ; pour tout dire, je suis même assez indifférent à cette question. Ici, il faut toutefois convenir que des principaux personnages (Mendel Singer, bien sûr, mais aussi sa femme et ses enfants, dont le fameux Menouchim) émanent une force de sentiment, une dignité profonde, je n'ose dire une humanité, à laquelle il est difficile de rester insensible. Et qui, donc, fait aussi la grâce de ce grand livre. Que l'on n'aille pas toutefois se figurer qu'il s'agirait là d'un texte à connotation mystique ou exégétique. C'est un authentique roman, et la fable ménage à sa manière un suspense digne, lui, du roman américain - et je mesure bien ce que cette assertion peut avoir d'étrange. Joseph Roth a réussi quelque chose qui pourrait bien passer pour une sorte d'idéal, parvenant à mêler le conte millénariste avec la grande tradition du roman russe et européen, à camper, non seulement des personnages, mais une trame qui soit à la fois, et à ce point, universelle et enracinée ; pourtant l'on continue d'y entendre sa voix propre, celle que l'on connaît, le Joseph Roth ressassant la nostalgie de la patrie et la mélancolie du père. Il y a quelque chose d'infiniment touchant dans ce perpétuel fil rouge, dans cette manière qu'il a de le suivre et d'y revenir sans cesse ; de sorte que l'on peut bien lire aussi Job, le roman d'un homme simple comme une espèce d'allégorie de la condition humaine dans la modernité naissante.

 

Traduit de l'allemand par Jean-Pierre Boyer et Silke Hass
Editions Panoptikum

12 décembre 2012

🎸 Rock : Wishbone Ash au New Morning

WA1-side


Vieux loups solitaires et marins cabossés avaient jeté leur ancre, l'autre soir au New Morning, pour acclamer les bourlingueurs de Wishbone Ash, qui donnaient, entre autres douceurs, une relecture d'Argus, leur fameux et mythique troisième album, paru en 1972.

 

Wishbone Ash : ce nom évoque t-il encore autre chose que cette année 1969, qui vit donc au même moment la naissance, en Angleterre, de Black Sabbath, Deep Purple, Led Zeppelin, Cactus ou Uriah Heep, tous monuments d'un hard rock en pleine gestation ? Si tant est bien sûr que l'on puisse parler de hard rock à propos de Wishbone Ash. Alors, oui, il y a les guitares. Cette manière de jouer à deux en intervalles de tierces, marque de fabrication passée dans la légende (notamment) depuis que Thin Lizzy, puis Iron Maiden, leur eurent piqué le (bon) plan. Ecoutez donc, chez les premiers, The boys are back in town, Emerald, ou Renegade, ou, chez Maiden, l'album Piece of Mind, qui en donne une illustration très achevée - mais n'importe quel morceau se prête au jeu, de Hallowed be thy name à Powerslave. Bref. En fait, Wishbone Ash, c'est sans doute un peu plus compliqué ; au confluent de trop de choses, ou, si l'on peut dire, d'un trop grand nombre d'époques. Nourris au biberon d'un boogie presque primitif, du rock'n'roll, de la musique traditionnelle et du folk, du jazz aussi (Pilgrimage, sorti en 1971, en donne quelques belles illustrations), qui plus est en pleine ascension des musiques dites progressives, aux effluves plus ou moins psychédéliques, ces gars-là font, peut-être, au fond, que ce que, faute de mieux, l'on qualifiera de rock. Comme d'autres, ils auront frôlé le succès planétaire - Argus, élu meilleur album de l'année 1973 par la très vénérable revue Melody Maker, se vendit tout de même à plus deux millions d'exemplaires. Le grand frisson des stadiums sera pourtant réservé à d'autres, qui ne leur étaient pas forcément supérieurs ; simplement, le groupe (à l'instar d'Uriah Heep) creusa son sillon, restant ce qu'il était et ne sacrifiant jamais aux airs toujours capricieux du temps.

 

Autant de (bonnes) raisons qui m'ont conduit à penser que ce serait là une bonne leçon, de rock certes, mais aussi d'endurance et d'authencité, à délivrer à mon fils de dix ans (lequel, fort enthousiaste, a tout de même dû se sentir un peu seul dans sa génération, isolé qu'il était dans ce parterre de vieux rockers et de quinquas - je suis gentil - lui demandant, rigolards, s'il n'avait pas école le lendemain). Toujours est-il, preuve s'il en fallait, que rock'n'roll will never die, et qu'il est possible, quand on a dix ans, de trouver Wishbone Ash au moins aussi excitant que... que quoi, d'ailleurs ? que n'importe quel autre faux groupe formaté dont on vante le look de tueur et les savantes mèches blondes dans les cours de récréation et un peu partout ailleurs. Bref (bis).

 

Où l'on vérifie qu'un classique mérite son statut, c'est que les titres vieux de quarante ans sont ceux-là mêmes qui continuent d'enthousiasmer. A cette aune, The King Will Come ou le très médiéval Thow Down the Sword pourraient largement être enseignés comme de parfaits modèles d'atemporalité, ces compositions renfermant juste ce qu'il faut de tension, d'altérations et de lyrisme. Et comme on n'a pas attendu Still Loving You pour convaincre les filles que le rock est une musique de brutes au grand coeur assoiffées de sentiments, jetez donc une oreille sur Leaf and Stream (ci-dessous) pour constater combien cette époque ne s'est jamais encombrée d'étiquettes. Très heureux, aussi, d'entendre quelques-uns de leurs morceaux plus récents, tel que l'efficace et très typique Can't Go It Alone (ci-dessous), extrait du dernier album en date, Elegant Stealth (2011). Voilà. Rien à dire d'autre, donc, que la joie de retrouver sur scène ces vieux routiers, emmenés par l'indétrônable Andy Powell, bientôt 63 ans et seul rescapé des origines.

7 décembre 2012

Jules Verne - Trop de fleurs !

Jules Verne - Trop de fleurs !


Disons-le sans fausse pudeur : ce petit volume est un régal ; et même une relative surprise pour moi, qui, comme la plupart d'entre nous sans doute, n'avais plus guère de Jules Verne que de très enfantins (quoique tenaces, et enthousiastes) souvenirs de lecture.

 

Le propos, ici, on le devine, nous éloigne tout à fait des univers familiers de l'écrivain. Quoiqu'on en retrouve, et c'est bien là aussi ce que ce recueil a d'exaltant, l'esprit incroyablement curieux, novateur, décalé, rigolard parfois. La scène se déroule en 1891. M. Decaix-Matifas, adjoint au maire d'Amiens, et spécialement président de la Société d'horticulture de Picardie, vient trouver notre Verne, amiénois et lui-même conseiller municipal, afin qu'il prononçât sur les fleurs une allocution de trente minutes, devant un parterre constitué d'amateurs de haut vol, de spécialistes dûment reconnus, de dames du monde, ainsi que du maire et du préfet. Déroute (prévisible) de Jules Verne, dont les compétences et spécialités propres le prédisposent davantage aux confins de l'univers et à la topographie des abysses qu'aux insondables mystères de la flore, fût-elle amiénoise.

 

Moi qui, longtemps, ai eu pour fonction d'écrire les discours de personnalités peu ou prou politiques, inaugurant à tours de bras tronçons routiers, cantines scolaires et extensions de pistes cyclables, consacrant dignement la rénovation d'un local à vélos ou la mise en conformité d'un échangeur urbain, je puis bien dire ici mon admiration devant ce que Jules Verne est parvenu à faire en une telle circonstance. Il va sans dire qu'il est, dans cette allocution, assez peu question de fleurs, quoique que celles-ci ne s'envolent jamais bien loin et que le langage y soit toujours joliment... fleuri. Trente minutes, cela dit, c'est long. Le tour de force n'en est que plus saisissant, et l'on ne s'ennuie pas une seconde durant cette représentation à laquelle on se sent tout bonnement assister, décelant d'emblée le sourire amusé de Verne, ses simagrées, ses petites manières galantes et gentiment racoleuses, ses accents de gentilhomme, son plaisir, évident, qu'il a de pouvoir parler pour ne rien dire, comme il le confesse lui-même, et de parler avec autant de brio devant une assemblée qui, sans doute, n'en espérait pas tant. Où l'on constate qu'il n'est, pour un tel écrivain, pas de sujet qui vaille : tout est suffisamment digne et bon pour hisser la parole à l'étalon de ses seules lois. Saluons enfin, et au passage, la préface de François Angelier, remarquable de verve, d'érudition et d'enjouement, achevant de donner tout son suc à ce petit recueil débordant d'éloquence et de malice.

 

Jules Verne - Trop de fleurs ! - Sur le site des Editions du Sonneur

Mes recensions d'ouvrages des Editions du Sonneur, où je travaille comme éditeur, ne sont publiées que sur ce seul blog personnel.