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Marc Villemain
12 décembre 2006

Porte close

Merci à lignes de fuite d'avoir déniché le texte, magnifique, de la conférence prononcée par Orhan Pamuk le 7 décembre dernier, lors de la remise de son prix Nobel. Non sans quelque bonne raison, j'en retiens le même extrait, tout en vous invitant instamment à lire le texte intégral sur le site de la Fondation Nobel.

"Pour devenir écrivain, il faut avoir, avant la patience et le goût des privations, un instinct de fuir la foule, la société, la vie ordinaire, les choses quotidiennes partagées par tout le monde, et de s'enfermer dans une chambre. Nous, écrivains, avons besoin de la patience et de l'espérance pour rechercher les fondements, en nous-mêmes, du monde que nous créons, mais le besoin de nous enfermer dans une chambre, une chambre pleine de livres, est la première chose qui nous motive. Celui qui marque le début de la littérature moderne, le premier grand exemple d'écrivain libre et de lecteur affranchi des contraintes et des préjugés, qui a le premier discuté les mots des autres sans rien écouter que sa propre conscience, qui a fondé son monde sur son dialogue avec les autres livres, est évidemment Montaigne. Montaigne est un des écrivains à la lecture desquels mon père revenait sans cesse et m'incitait toujours. Je veux me considérer comme appartenant à cette tradition d'écrivains qui, que ce soit en Orient ou en Occident, se démarquent de la société, quelle qu'elle soit, où ils vivent, pour s'enfermer dans une chambre pleine de livres. Pour moi, l'homme dans sa bibliothèque est le lieu où se fonde la vraie littérature."

Commentaires
K
Je suis plutôt d'accord, quoique le terme d'autisme, je crois ne convienne pas. Euhm, finalement, je viens d'en lire la définition (sur le site de l'Atilf): "Attitude mentale (...) caractérisée par le repliement sur soi-même, un mode de pensée détaché de la réalité et une prédominance de la vie intérieure". Il y a de ça effectivement.<br /> <br /> Quant à Pennac, écoutez, je ne sais pas si c'est une vraie et grave lacune (pour ma part, je vis très bien sans avoir lu nombre de chef d'œuvres) mais j'aime beaucoup. Je trouve son style très travaillé, la narration impeccable. Et, ce qui ne gâche rien, c'est très drôle (et dieu sait si le drôle est difficile). Je vous conseille à tout le moins de prendre un de ses romans de la saga Malaussène (mon goût dirait "La fée carabine" – mon préféré –, "La petite marchande de prose" et "Monsieur Malaussène") et d'en lire le premier chapitre. Souvent, ses premiers chapitres sont des bijoux.<br /> Dans "la petite marchande de prose", ça commence par un auteur furieux qui vient dans le bureau du héros – dont la fonction est "bouc émissaire" – pour protester contre le refus de son manuscrit.<br /> <br /> Je ne peux pas parler de ce qu'il a écrit en dehors de cette longue saga : pas lu. Et tous ne se valent pas : quand c'est mauvais, c'est très mauvais.
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M
Donc, il n'y avait de sarcasme dans votre sailllie... Et j'adhère sans réticence à ce que vous écrivez là. Point de génie sans égocentrisme...
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R
qu'il soit Nobel de Littérature n'y change rien, pire, cela convoque la question de l'endroit où se niche le génie <br /> et une forme de réponse en est (à mon humble avis) la prison du moi, sa capture en littérature, l'essence même de sa raison d'être...
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M
J'ignore quel est la part du sarcasme dans cette petite saillie... (?). Qui n'est sans doute pas totalement infondée pour autant. J'observe toutefois que le texte cité en référence est d'un auteur qui, même si l'on peut être légitimement dubitatif quand à la qualité de certains prix, est tout de même Nobel de littérature.
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R
on tourne toujours autour du pot et de la cellule...d'isolement, qu'elle soit bibliothèque ou chambre d'écriture, l'écrivain tourne autour du moi, et moi et moi et moi...c'est une forme d'autisme, d'égo-centrisme<br /> univers clos d'un poisson dans son bocal<br /> comprendrons-nous un jour ce que veulent dire les poissons?
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