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Marc Villemain
13 juin 2007

Je suis un maillon de la chaîne


Je ne vois pas mieux qu'attendre son rendez-vous dans la salle d'attente d'une maison d'édition parisienne pour réaliser l'extrême humilité du statut d'écrivain. On y est toujours mécaniquement accueilli, sans égards ni regards, et on a toujours l'impression de gêner ceux qui travaillent à quelque tâche obscure et primordiale, empiler, tamponner et classer par genre les derniers manuscrits reçus, photocopier les documents comptables, mettre à jour les fichiers, préparer les réponses-types, distribuer dans les cases l'agenda de la maison, réserver une salle pour un cocktail avec un groupe "partenaire", annuler ou reporter un rendez-vous avec un auteur. On y est toujours assis dans un petit coin où ne reposent généralement guère plus de deux fauteuils (ici, un seul), à côté du pré-programme de la rentrée et des vieux magazines qui s'empoussièrent sur une table basse Ikéa. On s'y sent comme chez notre dentiste, et finalement c'est presque apaisant, ça nous remet à notre place. Il est rare, de nos jours, que les murs d'une maison d'édition transpirent la littérature. L'écrivain n'y est rien, juste un élément du dispositif. Un maillon de la chaîne.

Commentaires
P
Ayant été artiste peintre, j'ai remarqué qu'il y avait de la part des directeurs de galeries le même respect absent et mortuaire des œuvres comme si la signature d'une toile représentait la fin d'une souffrance tabou de l'artiste et son enterrement définitif sans fleurs ni couronnes.<br /> Ainsi un directeur de galerie ignorant que j'étais artiste me disait-il un jour alors que j'étais entré dans sa logique commerciale, me coupant brusquement la parole sans raison, s'écriant presque : " mais vous savez, monsieur, tous ces artistes, ils sont tous dingues, ce sont tous des névrosés ! , vous ne pensez pas ?…
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R
"l'écrivain n'y est rien"...sauf chez Actes Sud...
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A
Description (assez terrible) de l'horreur économique.<br /> <br /> Heureusement tout n'est pas (encore) tout à fait déshumanisé.
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