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Marc Villemain
10 juin 2024

Dissoudre / Résoudre (ou les élections au temps de l'abattement)

Elections européennes - Elections législatives
Roland Devolder - Vers l'avenir

J’évite le plus souvent les discussions politiques sur les réseaux sociaux, tant l’art de la conversation et de la persuasion n’en sort qu’exceptionnellement grandi. Par-dessus le marché, il se trouve (ô ! misère de l’âge) que je suis devenu excessivement sensible à des formes d’adversité qui ne visent qu’exceptionnellement à convaincre et le plus souvent à humilier ou à blesser, c’est-à-dire à détruire l’idée que l’on se fait de l’autre (donc de soi-même). Aussi, après le cataclysme électoral que nous venons de connaître (et je mets sur le même plan le triomphe des auxiliaires et autres nervis du vaniteux Jordan que le soubresaut aventureux du présomptueux Emmanuel), préféré-je sans tarder annoncer ma couleur (et ne plus y revenir), avant que nous tous, citoyens de plus ou moins bonne volonté, soyons devenus exsangues à force de frénésies et autres extases complaisamment médiatiques.

 

Le politique est matière noble et complexe : selon moi, il ne fut, ni n’est, ni ne sera jamais sur Terre un sage ou un savant qui saurait décemment se prévaloir de n’être jamais dans l’erreur. Mais, voilà : la raison démocratique (la plus sophistiquée qui soit), implique que, parfois, en telle circonstance cruciale, l’on se défasse de notre belle et juste aspiration à la complexité. Elle nécessite, en somme, que l’on tranche. Et que l’on tranche d’abord avec soi-même : c’est l’autre nom du compromis, autrement dit de la politique.

 

La qualité des sondages d’opinion étant peu ou prou admise (et insolemment confortée lors de ces élections européennes), je décide donc de me fier à eux pour les prochaines législatives. Ma position est d’une simplicité qui ne sera peut-être que sa seule qualité, mais il faut bien, in fine, fonder une décision sur quelque socle un peu stable. Si, dans les heures qui précèdent le prochain scrutin, il m’apparaît qu’un bloc venant de la gauche, du centre et même d’ailleurs peut mettre en échec le Rassemblement National et ses sbires fascistoïdes, je n’hésiterai pas une seconde. À quelques conditions toutefois : 1) que ledit bloc déplaise un petit peu au lider minimo ; 2) qu’un certain « antisionisme » (sic) soit systématiquement et méthodiquement condamné ; 3) que l’idée européenne ne soient jamais désertée ; 4) que l'Ukraine ne soit pas abandonnée à nos poutinolâtres hexagonaux. Dans l’hypothèse (qu’il n’est à ce jour pas complètement déraisonnable d’envisager) où aucun bloc venant de la gauche, du centre et même d’ailleurs ne soit en mesure de stopper la folle et irrationnelle attraction pour des puissances politiques qui travaillent à nous ramener violemment en arrière, alors, sans rougir ni barguigner, mais sans enthousiasme ni joie aucune, j’apporterai mon humble voix à l’aventureux et présomptueux président susmentionné. Comme beaucoup, j’en ai pris l’habitude dès 2002. Et puis, quoi, comme disait l’auguste et roublard cardinal Mazarin : « Mieux vaut subir un léger dommage que, dans l’espoir de grands avantages, faire avancer la cause d’un autre. »

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