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Marc Villemain
14 avril 2025

Mario Vargas Llosa

 

Mario Vargas Llosa s'est éteint le 13 avril à Lima, il avait 89 ans.

 

Mon premier souvenir de Mario Vargas Llosa est lascif et subversif, et remonte à mes vingt ans. De mémoire, Éloge de la marâtre sera d'ailleurs le seul livre à dessein ou à tentation érotique (ou presque : j'ajoute aussitôt L'orgie, la neige de Patrick Grainville) qui m'aura jamais bousculé. Comme Vargas Llosa lui-même, la littérature qui se veut expressément érotique m'a toujours sérieusement emmerdé, je déteste ses figures obligées, son lexique embrouillé, ses langueurs lourdes, bref je ne lui ai jamais trouvé aucun attrait ni intérêt ; en revanche, que de sublimes moments d'érotisme, érotisme latent ou cathartique, innocent ou coupable, traversent les plus grandes oeuvres littéraires, voilà ce que je crois et éprouve. Il est difficile (et d'ailleurs peu souhaitable) de chercher à réduire la vie et l'œuvre d'un écrivain à quelques traits caractéristiques, à quelques instants biographiques ou schémas trop commodes. Je n'ai plus lu Vargas depuis des années, mais ce que j'en conserverai, intimement, c'est la multiplicité de son génie, qui lui permit d'explorer tous les domaines, de mêler tous les genres et tous les registres avec une égale exigence, en un mot son inextinguible liberté - ce mot qu'assurément il plaçait au-dessus de tous les autres. Tante Julia devait être bien fière de son Scribouillard.

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