Ostinato : la critique de Sophie Trommelen
Désireux de renouer avec les personnages de son roman, Il faut croire au printemps, Marc Villemain choisit l'écriture théâtrale pour donner un souffle nouveau à son second opus. Reprenant la thématique chère à l'auteur de la relation filiale, Ostinato s'attache à cet instant des retrouvailles entre un père et son fils que les non-dits et les frustrations ont inexorablement éloignés.
De l'intrigue aux allures de thriller, Dimitri Rataud s'attache à mettre en scène l'atmosphère. L’intérieur chaleureux aux meubles boisés, aux tapis confortables et au feu qui crépite dans le poêle à bois, contraste avec la perspective qui, en fond de scène, s'ouvre à perte de vue sur les falaises. Surplombant l'immensité de l'océan, le salon figure alors le huis clos d'une histoire familiale dans lequel sont inextricablement enfermés les personnages. Le décor d'Esthel Eghnart installe les personnages dans un cocon personnel, où chaque objet, chaque détail, renvoient à des bribes de souvenirs qui peu à peu dessinent le fil du récit.
Le rythme de la représentation entrecoupée d’intermèdes musicaux prend le temps d'installer les caractères, qui s'expriment à travers une écriture précise, dépouillée de tout discours superflu. Claude Aufaure et Ludovic Baude se donnent la réplique et explorent la complexité de ces personnages troublants dans ce qu'ils disent de leurs tourments, de leur pudeur et de leur culpabilité. Hélène Cohen incarne toute la douceur du personnage féminin qui tente de reconstituer ce lien fragile entre le bouillonnement d'un fils avide de vérité et la colère d'un père acculé.
En filigrane, Marc Villemain dessine le portrait touchant d'un père et d'un fils, d'une relation filiale écorchée par le secret que Claude Aufaure, Ludovic Baude et Hélène Cohen interprètent avec une authenticité et un réalisme prégnants.
Sophie Trommelen
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