Joyeux de pauvres !
Métro bondé. Air irrespirable. Altercations banales. Surgit un de nos modernes gueux, qui redonne le sourire au wagon entier. Energie de la désespérance - la société urbaine sauvée par ceux-là mêmes qui en souffrent.
Métro bondé. Air irrespirable. Altercations banales. Surgit un de nos modernes gueux, qui redonne le sourire au wagon entier. Energie de la désespérance - la société urbaine sauvée par ceux-là mêmes qui en souffrent.
Titre d'une dépêche AFP parue ce jour :
" Coup dur pour l'État avec l'arrestation à Bordeaux de son chef présumé "
Sur l'instant je pris peur - quoique... : j'ai cru que Nicolas Sarkozy avait été appréhendé ; or il ne s'agissait que du chef de l'ETA.
Un jour, quitter la grande ville : autant retrouver les espaces désertés, là où le moderne ne saurait être corrompu - puisqu'il n'est pas.
Au train où vont les choses, comme voulez-vous qu'on n'ait pas un métro de retard ?
Mes vieux journaux n'ont ni style, ni pensée véritable ; mais un intérêt, toutefois : celui de confirmer l'ancrage, la pérennité de nos marottes. Ce trait, par exemple : Traversée du corps - comme on parle d'une traversée du désert.
Toujours à explorer ces vieux journaux que je destine au feu. Dans celui-ci je trouve cette note, qui me rappelle à quel point on change peu :
Je me sens déjà vieux, à vingt-neuf ans, et si peu différent, pourtant, de ce que je fus.
... ce n'est pas parce que j'écris de mauvais livres qu'ils doivent avoir du succès.
... ce n'est pas parce que mes livres n'ont pas de succès qu'ils sont bons.
J'écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu'au plus profond de l'obscurité.
Ce mot de Camus, parmi les plus beaux, dans Le premier homme :
« Il y a des êtres qui justifient le monde, qui aident à vivre par leur seule présence.
- Oui, et ils meurent. »