Ostinato : Le Canard enchaîné - Jean-Luc Porquet
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Ségolène Royal se réjouit donc de la révocation du régime de semi-liberté accordé à Jean-Marc Rouillan. Elle s'étonnera ensuite qu'une majorité d'électeurs ait préféré voter pour Nicolas Sarkozy, selon l'adage fameux qui veut que l'on préfère toujours l'original à la copie. CQFD.
A titre d'archive : Soir 3 - "Les nègres en politique" - Reportage de Sandrine Rigaud - Diffusion : 29 octobre 2009
Albert Camus à nouveau :
La noblesse du métier d'écrivain est dans la résistance à l'oppression, donc au consentement à la solitude.
Je me souviens que je n'avais pas eu la présence d'esprit de le penser en lisant Tolstoï, et qu'il me fallut lire le petit livre que lui consacra sa fille aînée Tatiana (Sur mon père, réédité par Allia en 2003), pour réaliser que mon père était tolstoïen.
Proverbe sénégalais : Tous les soirs les singes s'endorment en rêvant qu'ils sont des hommes. Tous les matins les singes pleurent. Il se trouve que, parfois, je ne serais pas en total désaccord avec la proposition inverse — m'endormir en rêvant que je suis singe, et me marrer au réveil.
Nous sommes des ânes qu'un peu de foin réjouit : j'avais retenu ce mot d'une ancienne lecture de Christian Bobin. Sans doute parce que, pour une fois, il ne nous cherchait pas d'excuse.
Il faisait son Figaro en terrasse du Flore et s'en prenait au Monde à celle des Démagos.
J'en connais une que cela fera sourire... Nous avons nos faiblesses, celle-ci fait partie des miennes...
Ne jamais chercher à être soi, et se défaire de l'idée d'y parvenir. Ne serait-ce que parce que nul ne sait ce que pourrait être un soi pur, et que le désir même de se trouver altère notre quête. Mais surtout parce que si chacun était soi, alors la surface de la terre ne serait plus que cadavres.
A Cannes, cantet revenu le printemps, les journaux portent au pinacle l'école française. Il est vrai que les canards adorent agiter leurs palmes (académiques).
Pourquoi croyons-nous en Dieu ? Pour trouver la force de quitter la terre apaisés.
Pourquoi n'y croyons-nous pas ? Pour trouver celle d'y rester.
Je ne l'ai pas inventé, ce panonceau rencontré sur mon chemin : Nous vous prions de nous excuser pour le gène occasionné. Problème d'éthique chez les entrepreneurs de travaux publics ?
Images saisissantes de cette colonne de réfugiés tibétains, tirés comme des lapins par des gardes-frontières chinois postés en surplomb d'un glacier. C'est du déjà vu (Espagne, Bosnie etc...) : les images de la barbarie humaine sont toujours des resucées.
Il se réveille un matin le visage en chiffon, la peau bouillie par le mauvais sommeil, le vin les cigarettes et l'angoisse, il sait que sa laideur n'a de momentanée que son exagération, qu'elle en conspire de plus enfoncées et cruelles encore. Qu'elle n'est que prophétique.
Il me faudrait être une ombre pour que se défasse en moi ce qu'il y a d'inextricablement terrestre.
Le chagrin n'empêche pas de vivre. Il vous rend juste invivable - ce qui, en effet, peut empêcher de vivre.
Nous sommes des solitudes qui, de temps en temps, acceptent qu'on les accompagne. Elles s'acculent à l'unisson.
D'une façon vulgaire, on pourrait dire que mon adhésion à la théorie révolutionnaire est accompagnée de l'idée que rien ne m'oblige néanmoins à vivre d'une façon désagréable.
Jean-Patrick Manchette, Journal du vendredi 2 février 1968
Désolation paradoxale de l'écrivain : être aimé davantage pour ce qu'il écrit que pour ce qu'il est.
Ne renions pas notre jeunesse. Servons-nous en pour excuser ce que nous sommes.
Le contemplatif agit bien davantage qu'il y paraît, puisque lui seul tente de résister à la pulsion de vie.
La dépression est un habit un peu trop ample dont on peut parfois aimer à s'envelopper : les vents contraires peuvent y circuler à leur aise.
Deux sortes de dépressifs : ceux que le réflexe de survie ramène sur le sable sec de l'ironie, ceux qui se laissent dériver sur l'onde, cramponnés seulement à la bouée de leur lâcheté.